Actualités 1 novembre 2016

Qu’est-ce que Salmonella Dublin?

Pathogène redoutable, la bactérie Salmonella Dublin a été identifiée pour la première fois au Québec en 2011 dans un troupeau de bovins. Depuis, elle ne cesse de progresser.

En 2015, une enquête de prévalence conduite par le ministère québécois de l’Agriculture dans 278 troupeaux laitiers québécois a déterminé que 6,8 % de ceux-ci comportaient au moins un animal ayant des anticorps contre cette bactérie. Une enquête semblable est actuellement en cours dans 112 élevages vaches-veaux.

Pour les éleveurs de bovins du Québec, cet agent pathogène représente une menace principalement pour la santé des jeunes veaux. La bactérie Salmonella Dublin provoquera de la mortalité, des pneumonies, de la diarrhée et de l’arthrite chez les veaux de moins de trois mois. Bien qu’elle puisse aussi contaminer une bête adulte, cela est beaucoup plus rare. Son adaptation à son hôte, le bovin, en fait cependant un pathogène redoutable. En effet, environ 18 % des animaux ayant souffert de la maladie en jeune âge demeureront des porteurs sains de la bactérie durant une grande partie de leur vie. Ils seront le réservoir invisible de Salmonella Dublin dans un troupeau.

Une bactérie aux caractéristiques multiples

Quelques autres caractéristiques particulières à cette salmonelle sont importantes à mentionner. Tout d’abord, elle est très difficile à traiter en raison de sa capacité à résister à l’action de plusieurs antimicrobiens. C’est une bactérie multirésistante. De plus, elle peut occasionnellement se transmettre à l’humain et induire le même genre de maladie que chez le bovin. On la qualifie alors d’agent de zoonose. Une personne vulnérable peut être infectée en consommant du lait cru contaminé, une viande qui contient la bactérie et qui est insuffisamment cuite ou par un contact direct ou indirect avec un animal infecté. Le graphique suivant, issu du Laboratoire de santé publique du Québec de l’Institut national de santé publique du Québec, démontre une progression de Salmonella Dublin dans la population québécoise similaire à celle du secteur bovin (graphique 1).

Le contrôle est possible

Cette maladie en émergence dans les troupeaux de bovins du Québec force les producteurs à prendre conscience des mesures préventives à appliquer dans leurs actions quotidiennes pour garder leur cheptel en santé. Il est possible de contrôler la propagation de Salmonella Dublin et de garder son troupeau exempt de cette bactérie. Il s’agit seulement de comprendre et de mettre en application quelques principes simples de biosécurité.

Cette bactérie, comme toutes les salmonelles, se transmet généralement par voie féco-orale par l’intermédiaire de la nourriture, de l’eau, du lait ou d’un milieu contaminé. L’introduction d’un animal issu d’un cheptel infecté est principalement la cause de l’apparition de la maladie dans un troupeau. Une bonne connaissance du statut sanitaire du cheptel d’origine ainsi que des habitudes de biosécurité de la ferme d’où l’animal provient seront des moyens efficaces de s’en prémunir. L’achat d’un très jeune veau représente généralement un grand risque en biosécurité.

Des vecteurs passifs comme la machinerie ou le fumier transporté sur les bottes, les vêtements et l’équipement des visiteurs et du personnel sont aussi des sources possibles de contamination. Des règles minimales d’hygiène et de désinfection pourront enrayer l’effet potentiel des vecteurs passifs.

Finalement, un bon programme de biosécurité interne (biogestion) permettra de limiter au minimum les chances de transmission de la maladie entre les animaux d’un même cheptel et pourra aussi, dans certains cas, contribuer à éliminer complètement la bactérie d’un troupeau infecté.

Comme tant d’autres pays à travers le monde qui ont su adapter leurs méthodes d’élevage des bovins en contrôlant la Salmonella Dublin, nous réussirons aussi à le faire avec de l’information, de la formation et la volonté d’améliorer nos façons de faire.

Rémi Laplante, D.M.V.
Collaboration spéciale