Actualités 9 novembre 2016

Ceresco : créer le soya de demain

Dix à douze années, c’est le temps que consacre présentement l’équipe de Ceresco à développer une nouvelle variété de semence de soya avant de la commercialiser. Un travail colossal que l’entreprise entend bientôt diminuer du quart, notamment grâce à son nouveau centre de recherche.

La PME montérégienne a d’ailleurs inauguré ses installations de recherche et développement (R et D) à Saint Isidore le 15 septembre dernier. Celles-ci s’étendent sur près de 950 m2 (9 000 pi2).

C’est là que Ceresco entend faire progresser ses futures variétés de soya à identité préservée (IP). Des variétés non génétiquement modifiées destinées à l’alimentation humaine et produites par sélection et croisement seulement.

Lumina Contiu, responsable en R et D et sélectionneuse de soya à Ceresco, explique à des visiteurs comment elle procède pour créer de nouvelles variétés de soya. Crédit photo : Martin Primeau
Lumina Contiu, responsable en R et D et sélectionneuse de soya à Ceresco, explique à des visiteurs comment elle procède pour créer de nouvelles variétés de soya. Crédit photo : Martin Primeau

« Nos chercheurs devaient auparavant se déplacer sur plusieurs sites pour travailler et c’était un peu cahin-caha, a expliqué Mireille Raymond, cofondatrice de l’entreprise, au cours de son allocution d’inauguration. Maintenant, toute l’équipe sera regroupée sous un même toit. »

Au cœur du projet se trouve une serre informatisée de 156 m2, capable d’héberger jusqu’à 2 300 plants. Grâce à ses capteurs, son plancher chauffant et sa station météorologique, celle-ci offrira des conditions optimales d’éclairage, d’humidité, de température et d’arrosage à ses pensionnaires.

En incluant l’aménagement de bureaux et de salles adjacentes, le projet a nécessité un investissement de plus de 700 000 $. Un montant que Thierry Grippon, cofondateur de l’entreprise, entend rentabiliser à long terme. « Il y aura toujours une façon d’améliorer la qualité des plants et des semences », affirme-t-il.

Les végétaux sont cultivés selon des critères agronomiques tels que le rendement, la résistance aux maladies et aux insectes, mais aussi d’après des critères plus pointus, comme la tenue des plants et la hauteur de la première gousse.

De plus, on doit considérer chaque variété selon l’utilisation finale que l’on en fera. Un producteur de natto, par exemple, voudra une variété riche en sucre, propice à la fermentation. Un autre, qui fait du tofu, cherchera un grain riche en protéines. D’autres porteront une attention à la couleur des grains, notamment.

Un long processus

La serre du centre de recherche de Ceresco peut abriter jusqu’à 2 300 plants. Crédit photo : Martin Primeau
La serre du centre de recherche de Ceresco peut abriter jusqu’à 2 300 plants. Crédit photo : Martin Primeau

Ceresco commercialise déjà 13 variétés de semences IP, qui sont le résultat de plusieurs années de recherche. En effet, il faut produire au moins 12 générations de plants pour développer une variété et la mettre en marché. C’est un processus qui s’échelonne sur 10 ans au minimum, accéléré dans les premiers mois par un hiver en serre, puis par l’expédition en Argentine de semences de troisième génération. En profitant de l’été sud-américain pour faire croître les plants dans les champs, on gagne ainsi une année au final.

« On ne pourra jamais produire plus de deux générations par année, explique Lumina Contiu, responsable en R et D et sélectionneuse de soya à Ceresco. Mais grâce à la serre et à l’utilisation d’outils biotechnologiques comme des biomarqueurs, on devrait réduire à sept ou huit ans le temps de production. »

La chercheuse entend notamment collaborer avec le Centre de recherche sur les grains (CÉROM) pour atteindre cet objectif.

D’ici là, ses premières créations devraient aboutir en 2021, elle qui a joint l’entreprise en 2011. Des variétés de soya s’ajouteront à celles que commercialise déjà Ceresco, qui vend ses produits à 450 agriculteurs au Québec et en Ontario, en plus d’en exporter dans une vingtaine de pays, dont la Chine et le Japon.

Martin Primeau, Collaboration spéciale