Vie rurale 26 octobre 2016

Pas de libre-échange pour les vétérinaires

Après une entente sur la mobilité de la main-d’œuvre et à un cheveu d’un nouvel accord de libre-échange avec l’Union européenne, il est toujours très difficile pour les vétérinaires français d’obtenir l’autorisation de pratiquer leur profession au Québec. Malgré la pénurie.

« Il y a un manque épouvantable de vétérinaires dans la région », soutient le vétérinaire Robin Tremblay, de Chicoutimi, qui estime qu’il en faudrait une dizaine de plus dans sa région pour pourvoir des postes un peu partout et notamment pour les grands animaux à Saint-Félicien. « C’est bloqué par notre chère corporation sous prétexte qu’ils veulent protéger le public. Mais protéger le public, c’est d’abord avoir accès au service », lance Robin Tremblay.

« J’étais bon pour enseigner, mais pas pour être vétérinaire moi-même », soutient Éric Troncy, vétérinaire et professeur spécialisé en anesthésie à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal depuis 2002. Ce dernier estime que les deux tiers environ des résidents et des internes de sa faculté sont d’origine française.

Après quelques années, Éric Troncy a finalement été en mesure de régulariser sa situation auprès de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), mais il a aussi été témoin de plusieurs collègues qui sont partis aux États-Unis.

Selon lui, il y aurait environ une dizaine de professionnels français intéressés chaque année, dont 30 % visent une pratique mixte incluant les grands animaux en région.

L’ordre français refuse l’ajout de conditions

Pour que les vétérinaires québécois et français puissent changer de pays facilement, il faudrait une entente entre les deux ordres professionnels. Or, il n’y a pas toujours d’entente après un premier rapprochement il y a 10 ans.

Pour l’Ordre des vétérinaires de France, c’est le principe de « diplôme contre diplôme » que l’on souhaite, principe qui prévaut déjà entre les pays de l’Union européenne.

« Il y a des disparités importantes entre les quatre écoles françaises », a expliqué à la Terre Joël Bergeron, président de l’OMVQ, qui précise néanmoins que l’école de Lyon a obtenu une accréditation nord-américaine et que les étudiants doivent compléter le fameux examen du National Board of Veterinary Examiners (NAVLE) depuis 2013. Dans ce cas, les diplômés récents peuvent déjà obtenir leur reconnaissance auprès de l’OMVQ après un plus petit examen sur les lois et règlements du Québec.