Actualités 28 septembre 2016

Un plan d’action attendu cet automne

Quelque 260 personnes ont répondu à l’invitation du Bureau de promotion des produits du bois du Québec, le 8 juin dernier, lors de la première conférence sur la biomasse forestière résiduelle (BFR). Les intervenants de la filière attendent avec impatience le plan d’action du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), qui viendra mettre en œuvre la politique énergétique.

Lors des échanges en plénière, la sous-ministre associée à l’énergie au MERN, Luce Asselin, a précisé que le premier plan d’action quinquennal sera divulgué cet automne. La sous-ministre assure que la filière de la biomasse est bien vue au sein du MERN et au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Mme Asselin encourage les acteurs de la filière à continuer leur lobbying auprès des instances gouvernementales.

« Un constat s’impose : il y a trop peu de ressources si l’on considère l’engouement pour la filière de la BFR au Québec », note Amélie St-Laurent Samuel, coordonnatrice de Vision Biomasse Québec. Fondée en 2014, l’organisation regroupe 16 partenaires de la filière provenant des divers milieux : exploitants forestiers, élus municipaux, producteurs agricoles, groupes environnementalistes, investisseurs institutionnels et chercheurs.

Quelques dizaines de projets ont pu être mis en œuvre ces dernières années grâce à la contribution financière du gouvernement du Québec, souligne la coordonnatrice. Le premier plan d’action sur les changements climatiques (PACC) a permis de créer le programme de valorisation de la biomasse, mais également celui de la réduction de la consommation de mazout lourd. Les deux programmes ont été ­victimes de leur popularité et leurs budgets ont été rapidement épuisés. Le deuxième PACC a connu le même succès et les budgets accordés au volet biomasse forestière ont été dépensés en neuf mois. Ce plan d’action a été suspendu pour révision à l’automne 2015.

Alors que la biomasse semble être la filière la plus « mature » pour aider le Québec à atteindre ses cibles, les moyens fournis ne sont pas clairs, fait observer Jocelyn Lessard, de la Fédération québécoise des coopératives forestières. Normand Mousseau, professeur à l’Université de Montréal, affirme que Transition Énergétique Québec, un organisme qui vient tout juste d’être créé et qui devra s’assurer de la cohérence des divers programmes, est la structure la plus importante dans la politique énergétique.

Il faudra encourager l’utilisation du gaz naturel dans le transport et celle de la ­biomasse dans le chauffage des immeubles. « La filière doit prouver son efficacité. Son potentiel de croissance est élevé, puisqu’elle occupe toujours une place négligeable. 
Mais ce n’est pas gagné. Il faut faire du démarchage et montrer les gains possibles », note-t-il.

Le chauffage résidentiel, commercial et institutionnel représentait environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre du Québec en 2012, et celles-ci avaient déjà baissé de 30 % comparativement à 1990, passant de 10,98 à 7,56 millions de tonnes de CO2. « Cette réduction n’a pas été associée du tout à l’augmentation de la consommation énergétique provenant de la biomasse, qui n’a pas su profiter de ce marché en pleine transformation, contrairement à l’électricité et au gaz naturel », déplore le professeur Mousseau.

« La biomasse fait partie des éléments que nous voulons développer », a assuré le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, qui a ouvert la conférence sur la biomasse forestière résiduelle, le 8 juin dernier. En résumant les grandes lignes de la Politique énergétique 2016-2030 dévoilée plus tôt ce printemps, il a souligné que le gouvernement prévoit augmenter l’efficacité énergétique de 15 %, la production d’énergie provenant de sources renouvelables de 25 %, et le volume produit par la bioénergie de 50 %.

Le gouvernement favorisera la consommation de la biomasse à l’échelle locale pour remplacer les combustibles fossiles, principalement le mazout, afin de minimiser l’empreinte carbone de la biomasse. Les centrales de cogénération alimentées à la BFR ont permis à la filière de s’implanter, mais le Québec peut aller plus loin, estime le ministre Arcand.