Actualités 26 août 2016

Le salaire minimum à 15 $ en agriculture?

Le mouvement pour un salaire minimum à 15 $ prend de l’ampleur au Québec. Cette idée a germé aux États-Unis, dans le secteur de la restauration rapide, et des villes ou États américains ont emboîté le pas et instauré un tel salaire minimum ou prévoient le faire progressivement dans les années à venir.

On pouvait penser, encore récemment, que le gouvernement provincial ferait la sourde oreille à ce mouvement. Le ministre des Finances, Carlos Leitão, avait déclaré il y a peu de temps que le salaire minimum actuel à 10,75 $ lui semblait « approprié ». Le premier ministre du Québec a toutefois ouvert la porte à un « débat » sur la question. Philippe Couillard dit vouloir entendre les différents points de vue sur le sujet, dont celui des PME et celui des travailleurs à faible revenu.

Le secteur maraîcher s’oppose à cette augmentation. « Le secteur maraîcher est sujet à une forte concurrence de l’Ontario, des États-Unis et du Mexique », fait valoir Denis Hamel, porte-parole de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME). Son organisation prépare d’ailleurs un mémoire, en collaboration avec le Conseil du patronat du Québec, pour « étoffer la position » contre le salaire minimum à 15 $. 

Le programme de travailleurs étrangers ne permet pas aux agriculteurs de payer les employés en deçà du salaire minimum. « Pour l’image, on ne peut pas être en bas du salaire minimum », estime André Plante, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, qui ajoute que, selon lui, les pays d’où proviennent les travailleurs (Mexique, Guatemala) n’attendraient pas longtemps avant de faire pression si la rémunération de leurs ressortissants descendait sous le salaire minimum.

André Plante fait aussi valoir que les fermes américaines profitent de travailleurs « sans papiers », qui sont bien souvent payés sous le salaire minimum américain de 7,25 $ US l’heure. « La hausse du salaire minimum à 15 $ enlèverait toute profitabilité aux entreprises maraîchères du Québec », estime André Plante.

Notons par ailleurs que les accords de commerce comme l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) n’interviennent pas sur des questions comme le respect des droits des travailleurs. Les fruits et légumes produits dans des conditions qui ne respectent même pas les lois américaines peuvent donc passer la frontière sans problème et sans tarif.

Plus de détails dans la prochaine Terre.