Économie 2 août 2016

Expo agricole : être imaginatif ou mourir

SAINT-HYACINTHE — Le soleil, les animaux et, bien sûr, Chase et Marcus, de la série télévisée pour enfants Pat’Patrouille, ont contribué à attirer 27 416 visiteurs à l’Expo agricole de Saint-Hyacinthe. Une foule qui a permis à l’événement de battre un record de tous les temps. 

« L’ampleur du phénomène était incroyable. En même temps, c’était un peu désolant, il y avait une file d’attente de près de deux heures pour rencontrer les personnificateurs de l’émission pour enfants. Les jeunes visiteurs ont été dirigés vers d’autres zones de spectacles, le cinéma agricole, etc. La miniferme était évidemment remplie d’enfants, c’était comme une maternelle géante! » commente François Brouillard, directeur de cet événement agricole qui en est à sa 179e édition.

Temps difficiles

Pendant que Saint-Hyacinthe fracasse son record de visiteurs pour une journée, d’autres vivent des moments difficiles. De fait, l’époque où chaque coin de campagne avait son exposition agricole est révolue. On n’en compte plus que 30 aujourd’hui. Et une dizaine d’entre elles pourraient connaître le même sort que celles de Saint-Félicien et du Témiscouata, c’est-à-dire disparaître.

« Il y a de petites expositions dont l’organisation repose entièrement sur des bénévoles. Ils sont débordés, et si par malheur la pluie tombe pendant la moitié de l’événement, les gens se déplacent moins et ça devient très dur sur le plan financier », assure André Labonté, président de l’Association des expositions agricoles du Québec.

Ce dernier soutient que les expositions doivent innover et s’adapter aux goûts de la clientèle. À Saint-Hyacinthe, c’est l’orientation « famille » qui permet à l’Expo de conserver, bon an mal an, une fréquentation totale de près de 200 000 visiteurs. Car les jugements d’animaux, l’attraction principale à l’époque, n’attirent plus les foules. « On est aujourd’hui en concurrence avec de 500 à 600 festivals de tout genre et il faut se démarquer », précise Karl André Végétarian, porte-parole de l’événement.

Le gouvernement coupe

En plus de la difficile réalité que vivent certaines expositions, le ministère de l’Agriculture du Québec a annoncé qu’il changera, à compter de l’an prochain, la façon de les subventionner. Cela pourrait sonner le glas pour quelques expositions. Même une organisation en santé comme celle de Saint-Hyacinthe, avec son budget de 3,5 M$, devra revoir sa façon de procéder. « On s’attend à perdre 100 000 $ de subventions. Ce sera tout un défi de trouver des revenus additionnels pour compenser », prévoit François Brouillard.