Actualités 6 juin 2016

Foin en vrac : une tendance émergente

Pour obtenir un foin de plus grande qualité et d’une meilleure appétence, plusieurs producteurs laitiers optent pour un système de récolte de foin sec en vrac.

En Europe, les systèmes de récolte de foin en vrac sont beaucoup plus fréquents chez les producteurs qui sont également artisans fromagers. C’est d’ailleurs un producteur d’origine européenne, Jacob Lehmann, qui est le premier à avoir introduit ce système à Hébertville. Plusieurs producteurs fromagers optent pour ce système qui permet de produire des fromages plus stables, réduisant entre autres les problèmes de gonflement causés par les acides butyriques que l’on retrouve dans le foin enrubanné. Celui-ci est d’ailleurs interdit pour la production de fromage de garde (vieilli de 2 à 4 mois) en Europe.

C’est donc à la demande de la Laiterie Charlevoix, une fromagerie de Baie-Saint-Paul, que la Ferme Hengil a implanté un système de récolte de foin sec en vrac en
2011. « Tout notre lait est transformé en fromage. Comme on est proches du transformateur, on a décidé de faire le changement pour augmenter le rendement
fromager et aller chercher une prime », soutient Steve Tremblay, propriétaire de la ferme de Saint-Hilarion.

Mais les avantages ne se résument pas à la qualité du fromage. La récolte est aussi facilitée, car le foin peut être récolté plus tôt et nécessite beaucoup moins de
manipulation. « On peut récolter le foin à un taux d’humidité de 30 à 35 %, alors qu’il est encore vert avec beaucoup de feuilles. On le décharge ensuite directement dans les séchoirs. On évite donc le transport des balles, l’enrubannage et la gestion des balles à l’extérieur », lance le producteur qui traite l’équivalent de 600 à 700 balles de 4 pi x 5 pi. Dans les séchoirs, l’air réchauffé par la radiation solaire est poussé par de puissants ventilateurs à travers le plancher perforé, pour faire sécher le foin.

Pour effectuer des modifications dans l’étable et faire l’achat d’une autochargeuse, d’une griffe de manutention et de deux séchoirs, Steve Tremblay a dépensé près de 350 000 $, un investissement qui en valait le coût. « J’ai un meilleur prix pour mon lait, mes vaches sont plus en santé et mon volume de production est beaucoup plus stable », soutient le producteur qui possède 45 vaches canadiennes en lactation.

À la demande de plusieurs producteurs, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a commencé à travailler sur
ces techniques en 2011 en accompagnant la Ferme Hengil, ce qui a mené à la production d’un rapport. « On voulait faire connaître ce système-là aux autres
producteurs », soutient Jocelyn Marceau, ingénieur agricole au MAPAQ. « Avec l’ensilage, il y a plus de probabilité de fermentation, laquelle cause des problèmes
aux vaches », souligne M. Marceau, qui note également que la récolte s’effectue jusqu’à 30 % plus rapidement que dans le cas des balles rondes.

Pour l’instant, ce système semble adéquat pour des fermes qui possèdent de 40 à 50 vaches en lactation. Afin d’améliorer davantage le système et de réduire la manutention, les granges devraient être conçues pour recevoir le foin en vrac dans des cellules disposées près des animaux, comme on en retrouve en Europe, ajoute l’ingénieur du MAPAQ. Une première ferme du genre devrait voir le jour dès l’été prochain au Québec.

 

Guillaume Roy

 

Pour voir une vidéo sur l’autochargeuse

Pour voir le déchargement de l’autochargeuse dans le débarcadère

Pour voir le transfert de foin à la cellule de séchage à l’aide de la griffe à foin