Actualités 13 juillet 2016

Irriguer sans contaminer

Une eau d’irrigation de mauvaise qualité risque de contaminer les récoltes, mettant la santé humaine en péril. Voilà pourquoi l’agronome Caroline Côté, chercheuse à l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement, recommande une bonne gestion de la qualité de l’eau d’irrigation.

L’eau d’irrigation peut parfois avoir été contaminée par différentes bactéries, notamment des coliformes fécaux. Selon Caroline Côté, ces bactéries ne sont pas bien outillées pour survivre de manière prolongée dans un environnement agricole : exposées aux rayons du soleil, elles finiront par disparaître. Si elles se retrouvent dans le sol, une forme de compétition s’installera avec tous les autres microorganismes, compétition que les bactéries fécales finiront par
perdre.

« Par contre, si on arrose avec une eau contaminée tout juste avant de récolter, il y a des risques que le contenu microbiologique de l’eau d’irrigation contamine les fruits et légumes. Alors, il y a des risques pour la santé humaine », explique la chercheuse.

Il n’existe aucune règle régissant les délais entre l’irrigation et la récolte, contrairement par exemple à la règle des 120 jours entre l’épandage de fumier et la cueillette des fruits et légumes, souligne Mme Côté. « Dans le Programme canadien de salubrité des aliments, les règles concernent par exemple la quantité maximale de coliformes fécaux qui doit se retrouver dans l’eau d’irrigation, soit 100 UFC/100 ml », dit-elle. C’est pour cette raison que la chercheuse a décidé de se pencher sur la question des délais.

Les recommandations

Pour éviter que des bactéries potentiellement pathogènes contaminent les champs, Caroline Côté recommande que l’eau d’irrigation respecte le critère des 100 coliformes fécaux par 100 ml, au moins pendant les deux à trois semaines précédant la récolte. Pour elle, un brocoli qui est irrigué, puis récolté quatre mois plus tard, ne représente pas le même risque qu’un brocoli qui est arrosé trois semaines avant la récolte. « Reste qu’on ne peut pas dire aux producteurs de ne pas irriguer pendant trois semaines! Il faut trouver un juste milieu. »

Ce juste milieu, selon la chercheuse, serait d’utiliser une réserve d’eau de bonne qualité pour les derniers jours avant la récolte. « Par exemple, certains producteurs ont accès à de l’eau souterraine. Ils doivent utiliser cette eau-là pour la période critique. »

Le traitement de l’eau

Aux producteurs qui n’ont pas accès à une réserve d’eau de bonne qualité, Caroline Côté recommande l’utilisation d’un système d’aération par diffuseur d’air à membrane. Le diffuseur doit être placé au fond de l’étang d’irrigation. L’air qui est poussé par le compresseur se diffuse dans l’étang en petites bulles. Ces bulles modifient la température et créent un mouvement circulaire de l’eau. Les bactéries se retrouvent alors exposées aux rayons du soleil et disparaissent. Cette solution d’assainissement de l’eau ne nécessite aucun intrant chimique, note la chercheuse, ce qui en fait une solution avantageuse et beaucoup moins nocive pour l’environnement.

Certaines entreprises agricoles maraîchères ou fruitières qui voudraient se doter d’un système d’aération pour améliorer la qualité de l’eau d’irrigation peuvent bénéficier d’une aide financière par l’entremise du programme Prime-Vert du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. L’aide financière couvre 70 % des dépenses admissibles, jusqu’à concurrence de 10 000 $.

 

Audrey Desrochers