Alimentation 27 août 2014

L’accès au marché des fruits et légumes menacé

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La toute nouvelle politique qui prévoit faire augmenter la part de marché des aliments québécois pourrait frapper un mur dans le secteur des fruits et légumes.

Les producteurs de ce secteur critiquent maintenant ouvertement certaines pratiques commerciales des supermarchés qui compliquent sérieusement l’accès aux tablettes.

« C’est un cri du cœur », a lancé André Plante, président du Conseil québécois de l’horticulture (CQH) et directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ).

Les producteurs québécois de fruits et de légumes estiment en effet que les grands distributeurs imposent des exigences de plus en plus élevées auxquelles ils peinent à répondre. La difficulté est encore plus grande pour les petites et les moyennes fermes.

M. Plante explique que ces exigences des grandes chaînes d’alimentation ne cessent de s’additionner d’année en année. « Si vous continuez à mettre la barre plus haute, on ne sera plus capables », lance le président du CQH, qui est un habitué de la mise en marché des fruits et légumes depuis plusieurs années.

Selon les chaînes d’alimentation, les producteurs se voient imposer des politiques de déchargement moins favorables, l’obligation de louer des palettes de livraison plutôt que de les échanger ou encore des escomptes de 3 % à 8 % appliqués sur la facture. Les normes sanitaires (HACCP et Canada Gap) ne cessent également de créer des dépenses supplémentaires qui ne sont pas récupérées dans le prix de vente.

Selon une analyse des chiffres de Statistique Canada réalisée par le CQH, le prix reçu par les producteurs pour leurs légumes a augmenté de 13 % en 20 ans contre 20 % pour les fruits. Or, M. Plante estime que le prix des engrais, de l’énergie et de la main-d’œuvre a doublé pendant la même période.

« Il n’y a pas d’équilibre de force », résume M. Plante, en parlant des maraîchers et des grandes chaînes. Quand les producteurs annoncent un prix en début de saison, il y a toujours une diminution de 1 $ ou 2 $ la boîte qui est négociée dès le départ. Or, c’est justement ce montant qui manque pour répondre aux nouvelles exigences. M. Plante estime qu’un montant de 5 cents de plus par laitue, par exemple, pourrait faire la différence et ne serait pas une hausse énorme pour les consommateurs. « Il faut penser à l’avenir, les chaînes doivent développer leurs fournisseurs locaux », soutient M. Plante.

Le président du CQH affirme avoir rencontré le sous-ministre Bernard Verret sur ces questions. Ce dernier se serait montré « très réceptif ». D’autres rencontres sont prévues et la Table de concertation des partenaires du bioalimentaire québécois pourrait également se pencher sur cette problématique.