Actualités 24 mai 2016

Un cas de harcèlement psychologique sonne l’alarme

« C’est un cas non seulement isolé, mais extrême », souligne la directrice des communications de la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’oeuvre agricole étrangère (FERME), Nathalie Pouliot. Au début du mois, le Tribunal administratif du travail a donné gain de cause à quatre travailleurs guatémaltèques victimes de harcèlement psychologique. Un cas isolé peut-être, mais qui ternit, encore une fois, l’image des agriculteurs aux yeux de la société.

« Si vous parlez à 70 ou 100 producteurs, ils vont tous vous dire que c’est inacceptable ce qui est arrivé, et qu’ils ne veulent pas être mis dans le même panier qu’une personne qui a un comportement répréhensible, ajoute Mme Pouliot. Nos membres ont été extrêmement touchés par cette nouvelle. » D’autant plus que, selon la Fondation, le producteur en question n’aurait pas requis ses services pour faire venir les travailleurs guatémaltèques. Il aurait effectué les démarches de recrutement de son propre chef.

Manque d’encadrement

Un employeur qui décide de faire venir des travailleurs étrangers temporaires (TET) par l’entremise de FERME sera encadré : un guide de l’employeur lui sera remis avec le détail des étapes à suivre avant, pendant et après le passage des TET dans son entreprise. De plus, des visites de courtoisie seront effectuées et de la formation sera dispensée aux travailleurs avant leur départ de leur pays d’origine et une autre lors de leur arrivée au Québec.

La liste de tous les nouveaux membres de FERME est aussi envoyée à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) afin d’assurer un suivi adéquat.

Un employeur qui accomplit lui-même les démarches de recrutement passe en quelque sorte entre les mailles du filet, car à part les inspections surprises de la CNESST, aucun suivi n’est réalisé auprès de ces travailleurs. « S’il n’y a personne qui lève le flag pour dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans un environnement de travail, on ne peut pas le savoir, se désole le consultant en immigration à l’Union des producteurs agricoles (UPA), Denis Roy. Il faut trouver des mécanismes universels pour signaler ce genre de cas. » Il souligne qu’AGRIcarrières et l’UPA avaient pourtant effectué des démarches il y a cinq ans auprès du gouvernement pour mettre en place un numéro sans frais où les TET auraient pu recevoir un service de première ligne en espagnol, accessible à des heures prolongées. « À l’époque, le projet n’avait pas abouti, mais peut-être qu’avec un cas comme celui-là, ça pourrait donner l’occasion de relancer cette idée », se demande M. Roy.

C’est un cas isolé, répète la directrice des communications de FERME. Mais l’organisme a tout de même cessé de desservir cinq individus ou entreprises dans les quatre dernières années pour des raisons suffisamment sérieuses pour ne plus vouloir travailler avec eux.