Actualités 20 mai 2016

Des autochtones lorgnent des terres agricoles

La communauté autochtone de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean, négocie afin d’agrandir son territoire d’une superficie supplémentaire d’environ 6 km² en partie occupée par des agriculteurs des municipalités de Roberval et de Saint-Prime.

Si les gouvernements donnent raison aux Montagnais, les producteurs situés dans cette zone pourraient passer sous la juridiction de la communauté autochtone, ce qui en inquiète plus d’un. « Notre ferme, notre maison et une partie de nos terres sont directement concernées par le projet d’agrandissement de la réserve. Est-ce qu’on sera expropriés, enclavés ou intégrés? Les blancs n’ont pas de droits sur une réserve. Alors si nous faisons partie du territoire de Mashteuiatsh, nous irons où avec notre entreprise agricole? » se questionne une agricultrice qui souhaite garder l’anonymat.

Les autochtones désirent ces terres pour faire progresser leur communauté. Ils aimeraient que certaines superficies convoitées soient converties en un développement industriel et commercial. Les dirigeants ont même fait mention d’un magasin à grande surface, comme un Walmart.

Personne ne sera forcé

Au total, environ 35 propriétés seraient concernées par la zone d’agrandissement. Le conseiller aux communications de Mashteuiatsh, Dave Casavant, affirme que personne ne sera exproprié. Les dirigeants mentionnent que si des propriétaires refusaient de céder leur terrain, il leur faudrait recevoir des superficies équivalentes en guise de compensation.

L’agricultrice interrogée ne veut pas vendre sa ferme familiale, mais elle juge que la valeur des terres qui feraient désormais partie du territoire autochtone pourrait néanmoins diminuer. « Les blancs ne peuvent pas acheter une terre sur une réserve. Alors s’il reste uniquement des gens de Mashteuiatsh pour les acheter, quel prix décideront-ils d’offrir? » se demande-t-elle. Elle s’inquiète aussi du changement de zonage que pourraient subir ses terres une fois sous la juridiction de la communauté de Mashteuiatsh.

Dave Casavant a reconnu quant à lui que « la loi sur la protection du milieu agricole ne s’applique pas ici. C’est certain que nous avons plus de flexibilité pour changer le zonage. Les gens ne doivent pas s’en apeurer pour autant. Le changement de zonage pourrait leur être favorable ».

Lise Tremblay, de la Fédération de l’UPA du Saguenay–Lac-Saint-Jean, précise que le Fonds de défense professionnelle de l’organisme a été mis à contribution dans ce dossier « complexe ».

 

Plus de détails à venir dans une prochaine édition de la Terre.