MONTRÉAL — Des clients de Parmalat pourraient bien manquer de lait à mettre dans leurs céréales au cours des prochains jours. Exaspérés par les importations de lait diafiltré, une cinquantaine de producteurs de lait ont érigé aujourd’hui un blocus devant l’usine montréalaise de la multinationale.

Équipés de tracteurs et d’immenses citernes à lisier, les manifestants ont érigé leurs barricades dès 3 h 30 du matin. Ils ont organisé cette manifestation de leur propre chef par les médias sociaux. Les premiers camions-citernes se sont heurtés à un mur vers 4 h 30. Au total, plus de 10 camions-citernes ont dû être détournés vers d’autres usines, soit plus de 600 000 litres.

« Je le sais que vous êtes tannés », a lancé Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec. Juché sur une citerne de lisier transformée en barricade, il a invité les manifestants à lever le siège et à laisser sortir les camions.

« Votre but a été atteint et il ne rentrera plus de lait ici aujourd’hui », a-t-il ajouté. Comme pour le faire mentir, un camion-citerne d’une entreprise de Huntingdon s’est alors présenté à la porte. 

Le président des Producteurs de lait a révélé que des négociations individuelles ont été menées au cours des derniers jours avec les trois principaux transformateurs au Québec. Les discussions se poursuivent et Bruno Letendre qualifie « d’intéressantes » les offres mises sur la table.

Il a enfin révélé que les producteurs de lait de l’Ontario ont commencé à négocier « dans le dos » de leurs confrères quatre mois avant le début des négociations nationales.

« Leur but, c’est de ramener toutes les usines en Ontario », a-t-il conclu.

Bruno Letendre a par la suite communiqué par téléphone cellulaire avec un dirigeant de Parmalat, les manifestants pouvant suivre la conversation en direct.

« Ça ne peut plus durer et il faut mettre les efforts pour conclure », a déclaré le président des Producteurs de lait.

« On est prêts à attendre jusqu’à la prochaine pluie », a lancé Réjean Bessette suffisamment fort pour être entendu par l’interlocuteur. Il faisait alors référence à l’échéance donnée il y a quelque temps par Bruno Letendre, soit la levée des premières semences. 

Les manifestants ont par la suite allumé le BBQ pour faire cuire quelques hot-dogs, visiblement pas pressés de quitter les lieux.

Témoignages de producteurs à venir dans l’édition du 11 mai de la Terre.