Actualités 1 avril 2016

Litière accumulée, animaux en santé

Aux fermes Côte-Rouge, à Mirabel, et Rodolphe Poutré & Fils, à Saint-Ignace-de-Stanbridge, des parcs sur litière accumulée en mousse de tourbe accueillent les vaches taries et en préparation au vêlage. Si les producteurs laitiers souhaitent améliorer le confort des animaux, le passage à ce type de gestion de litière comporte de nombreux autres avantages.

Les producteurs Jacques et Jean-François Bédard, de la Ferme Côte-Rouge, cherchaient une solution « pratico-pratique » pour loger leurs vaches en gestation et celles qui étaient taries. Ils avaient dans le passé élevé ces animaux sur de la litière accumulée, un mélange de paille et de ripe de bois. Mais les installations n’étaient pas optimales et la charge de travail était importante. « Avant, nous avions trois sites d’élevage et des étables froides, où il fallait nettoyer complètement les parcs, ajouter de la litière toutes les deux semaines et ramasser les tas à la fourche quotidiennement », explique Jacques Bédard.

Depuis deux ans, les vaches en préparation au vêlage et en tarissement sont gardées sur de la litière accumulée de mousse de tourbe. Les bêtes vêlent également dans les parcs sur mousse de tourbe. « C’est fou le pouvoir d’absorption! » s’exclame Jacques Bédard. « Comparativement à d’autres matériaux, notre mousse de tourbe absorbe 610 L/m3. Il existe différents grades de mousse de tourbe et
de qualité », note Anthony Arsenault, représentant national à Naturesorb.

En hiver, les producteurs ajoutent de la mousse de tourbe une fois par mois, tandis qu’en été, nul besoin d’en remettre. La litière est par ailleurs brassée deux fois par semaine avec un petit tracteur à gazon équipé d’une bêcheuse arrière. « Au départ, nous avons mis 25 cm de mousse de tourbe. Nous avons vidé les parcs après avoir accumulé la litière pendant un an et demi », indique Jean-François Bédard.

Chez les Poutré, les veaux en pouponnière sont logés sur litière de mousse de tourbe depuis plus de cinq ans. Quand les producteurs aménagent des parcs pour les vaches taries et en préparation au vêlage, ils optent pour la litière accumulée de paille, un produit cultivé à la ferme. « Au cours de la saison, on a manqué de paille. Puisqu’on utilisait déjà de la mousse de tourbe pour les veaux, on s’en est servi temporairement dans ces parcs-là », explique Stéphane Poutré. Cependant, ce qui devait être temporaire est devenu permanent.

La litière de mousse de tourbe s’accumule depuis une année et demie. « Les parcs n’ont jamais été vidés. On ajoute de la mousse de tourbe toutes les deux semaines et on ramasse les tas à la fourche tous les jours. L’été, tout sèche rapidement », mentionne-t-il.

Confort des animaux et autres bénéfices

Les parcs de litière accumulée offrent aux vaches un répit de quelques semaines. « C’est deux mois de repos et ça a un effet sur la longévité des vaches, qui vêlent également dans des parcs sur litière de mousse de tourbe. De plus, on note un meilleur départ en lait », explique Stéphane Poutré. L’acidité de la mousse de tourbe, dont le pH se situe remplacer par de 3,8 à 4,5, est un allié dans la lutte au piétin. « Les sabots sont toujours propres et au sec », mentionne Jean-François Bédard. Même les pareurs remarquent une amélioration de la santé des onglons. À ce pH, l’un des composés naturels de la mousse de tourbe repousse les mouches. Stéphane Poutré n’a eu recours à aucun produit pour lutter contre celles-ci. Enfin, le bas pH de la mousse de tourbe capte l’ammoniac des fumiers et réduit les odeurs.

À la Ferme Côte-Rouge, la litière est brassée deux fois par semaine.
À la Ferme Côte-Rouge, la litière est brassée deux fois par semaine.

L’environnement sec et propre a eu un impact majeur sur la diminution des mammites chez les vaches des Bédard.

Mousse de tourbe

Il existe plusieurs qualités de mousse de tourbe, notamment selon le grade de décomposition. En fait, ce ne sont pas toutes les mousses de tourbe qui ont un fort pouvoir d’absorption. Leur pH varie aussi grandement. Les bienfaits liés au contrôle des odeurs et des mouches nécessitent un pH de 3,8 à 4,5. « Un facteur de réussite important avec la mousse de tourbe est le respect de la superficie par animal. Il faut calculer 140 pi2 pour les vaches en préparation de vêlage et 120 pi2 pour les vaches taries », souligne Anthony Arsenault.

Le brassage de la tourbe permet de réactiver son pouvoir asséchant. Le fumier asséché par la litière devient par la suite lui aussi un absorbant pour le futur fumier. Anthony Arsenault fait toutefois une mise en garde aux producteurs qui souhaitent faire l’essai de la mousse de tourbe : « La mousse de tourbe horticole contient de la chaux ou a souvent été en contact avec ce composé chimique. En plus d’être un irritant pour les trayons, la chaux augmente le pH de la tourbe et annule ses avantages. »