Politique 3 septembre 2014

VIDÉO – L’UPA a encore des défis de taille à relever

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QUÉBEC – Réélu sans opposition pour un 2e mandat à la présidence de l’UPA, le producteur laitier Marcel Groleau a défini, devant les 400 délégués réunis en congrès général, les grands défis à relever au cours des prochains mois.




Mais avant toute chose, il a signalé que « la Politique de souveraineté alimentaire constitue un tournant historique pour l’agriculture et l’agroalimentaire au Québec ». À ses yeux, l’accès des produits québécois aux tablettes de la grande distribution, où s’effectuent 80 % des achats alimentaires, demeure la priorité numéro un à orchestrer. « La compétitivité de la distribution ne doit pas être un frein à la disponibilité des produits québécois sur les tablettes », a-t-il déclaré. Et l’accès aux marchés institutionnels (hôpitaux, écoles, etc.) vient juste après. La protection des terres, mais aussi des activités agricoles, est par ailleurs fondamentale pour nourrir le monde. À cet égard, M. Groleau a noté qu’il convient de limiter la spéculation financière afin de garder les terres agricoles accessibles à la relève et de consolider les fermes existantes, que ce soit par l’entremise d’une Société d’aménagement et de développement agricole du Québec (SADAQ) ou d’un resserrement de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. M. Groleau a appelé Québec à la prudence quant au morcellement des terres agricoles dans une province où plus de la moitié d’entre elles comportent moins de 50 hectares.

L’agriculture québécoise a généré des ventes à la ferme de 8,4 milliards de dollars en 2012, devançant les secteurs de l’aérospatiale ainsi que des arts et des spectacles. Et elle comporte encore un fort potentiel de développement. Pour y arriver, le président général a insisté sur la nécessité d’avoir « des programmes de gestion des risques et de sécurité du revenu qui vont au-delà de l’assurance d’un revenu minimum ». « Il faut des régimes qui permettent d’investir pour maintenir un niveau de technologie compétitif et la production des fermes », a-t-il revendiqué. Il a rappelé que le Québec avait perdu 30 % des entreprises porcines, bovines et ovines durant les premières années qui ont suivi l’entrée en vigueur de nouveaux coûts de production en assurance stabilisation.

M. Groleau a dénoncé le « deux poids, deux mesures » observé dans l’Accord économique et commercial global (AECG) conclu avec l’Union européenne. « Le Canada a laissé aller une partie importante du marché des fromages fins, une perte nette, irrécupérable et récurrente, alors que les producteurs bovins et porcins devront livrer bataille pour se faire une place sur le marché européen », a-t-il illustré. Aussi, « les compensations promises par le gouvernement fédéral doivent être livrées afin de nous préparer à faire face à ce nouveau compétiteur et pas seulement si l’on constate des dommages au marché des fromages », a-t-il soutenu.

Au chapitre de l’environnement, M. Groleau a revendiqué la fin du moratoire sur le développement de l’agriculture dans les 575 municipalités localisées dans les bassins dits dégradés en vertu du Règlement sur les exploitations agricoles (REA). « La situation s’est nettement améliorée au cours des 10 dernières années; il est temps que le gel soit levé », a-t-il affirmé. S’adressant aux représentants du ministère de l’Environnement, il a avancé « qu’ils feraient mieux de s’attaquer aux problèmes avec les agriculteurs au lieu de s’attaquer à eux avec des sanctions ou des pénalités exorbitantes », une tirade qui lui a valu les applaudissements de la salle.

M. Groleau a remis en question le fait que les sommes consacrées par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) en vertu du programme de crédits de taxes aux agriculteurs sont passées de 60 M$ à 122 M$ et qu’elles visent les mêmes superficies. « Les municipalités offrent certains services en contrepartie, mais cela ne justifie pas la croissance enregistrée », a-t-il relevé.

Le président général n’a pas esquivé l’épineuse question de l’intégration et de la contractualisation en agriculture. « Je n’ai rien contre ces modèles si c’est le choix conscient de producteurs », a-t-il dit, tout en reconnaissant que Québec et la société s’interrogent sur ces formules.

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