Actualités 28 mars 2016

Vérificatrice de sirop

Au début, c’était « en réponse à une annonce, un peu par hasard et par curiosité, en attendant de trouver autre chose ». Vingt-deux ans plus tard, Pascale Boivin exerce toujours le métier de vérificatrice de qualité, une occupation qu’elle a appris à aimer. Au quotidien, elle observe, sent, goûte et mesure… le sirop d’érable.

LAURIERVILLE — Pascale Boivin, une Beauceronne, n’est pourtant pas issue d’une famille de producteurs de sirop. Lorsqu’elle s’est lancée dans l’aventure, elle n’y connaissait pas grand-chose, mais les tâches à réaliser l’intéressaient. À l’époque, elle occupait différents emplois, sans lien toutefois avec le domaine de l’acériculture. « Je voulais voir ce que c’était et je suis finalement restée. J’ai commencé en 1994 et je suis encore là », commente celle dont le travail a d’abord été encadré par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, puis exclusivement par l’organisme provincial indépendant ACER Division Inspection inc.

Dans la pratique, le vérificateur de qualité est chargé de détecter les défauts de saveur et d’attribuer une cote au contenu de chaque baril de sirop destiné à la Fédération des producteurs acéricoles du Québec. Sur tout le territoire, seulement une quinzaine de personnes exercent cette fonction et Pascale Boivin compte parmi les précurseurs en la matière.

« J’ai carrément fait partie de ceux qui ont ouvert la voie aux autres, confirme la principale intéressée. Au fil du temps, les bases théoriques sont devenues plus poussées. » Actuellement, une quinzaine de défauts variables en intensité sont regroupés essentiellement dans quatre classes. Si le produit est jugé impropre à la consommation, il est détruit.

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Crédit photo : Johanne Martin

Une tâche complexe

ACER Division Inspection, la seule organisation autorisée à effectuer les tâches de classement et de vérification de la qualité du sirop d’érable au Québec, est également responsable de former les vérificateurs. Deux mois d’apprentissage sont nécessaires pour acquérir les rudiments du métier, auxquels s’ajoute une période de compagnonnage.

Bien qu’aucune formation collégiale ou universitaire spécifique préalable ne soit exigée pour s’engager dans la profession, certaines prédispositions sont néanmoins requises. Car dans les faits, trouver les défauts de saveur s’avère complexe. On recherche notamment des personnes dont la capacité à distinguer les goûts se situe au-delà de la moyenne.

« L’acuité des sens est importante et on fait beaucoup travailler la mémoire pour reconnaître les défauts. Aussi, il est primordial d’user de diplomatie à l’égard des producteurs parce que c’est leur sirop – le meilleur! – qu’on évalue et que leur paie est déterminée en fonction du classement du produit », souligne la vérificatrice.

En même temps, Pascale confie devoir faire preuve d’assurance. Encline à fournir des explications, elle ne peut cependant se montrer hésitante à propos des décisions qu’elle prend. Ce métier requiert aussi un bon sens de l’organisation, du leadership, des aptitudes en informatique et une aisance avec la lecture et l’application des procédures.

Des dizaines d’échantillons par jour

Toutes ces qualités sont mises à contribution de manière intensive de la mi-avril jusqu’au 24 juin, à raison de 40 heures par semaine. Chaque jour, 250 échantillons sont analysés – sans être avalés, heureusement – directement chez les acheteurs autorisés. Deux auxiliaires et un véritable laboratoire mobile accompagnent le classificateur de sirop.

Des 15 équipes déployées sur le terrain, 8 à 10 ont à leur tête des vérificateurs d’expérience. Les cinq à sept autres sont composées de recrues ou de personnel non régulier. S’il s’agit au départ d’un emploi à temps partiel, d’autres types de tâches – audits, pasteurisation – viennent parfois prolonger la période d’embauche de ces experts du goût.

« Même s’il me faut faire face à une certaine pression imposée par les producteurs, il reste que le métier de vérificateur comporte plusieurs points positifs. C’est agréable d’être sur la route et de rencontrer des gens, de se perfectionner constamment et de constater l’évolution dans le secteur acéricole! » conclut Pascale Boivin.

Le coffre à outils du vérificateur

• Son odorat, ses papilles gustatives et sa mémoire;

• un réfractomètre : de forme allongée, l’instrument mesure en degrés Brix la concentration en sucre et l’épaisseur du sirop;

• un spectrophotomètre : on peut y lire, en pourcentage, la quantité de lumière qui traverse l’échantillon. L’appareil détermine le classement des couleurs du produit : extra clair, clair, médium, ambré ou foncé;

• un analyseur de plomb, communément appelé SA1100 : il permet d’effectuer le dépistage du plomb dans l’échantillon de sirop.

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Johanne Martin