Politique 3 septembre 2014

Achats institutionnels : Gendron lance sa stratégie… dans un hôpital!

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Était-ce parce qu’il considérait l’urgence d’agir? Toujours est-il que le ministre de l’Agriculture, François Gendron, a déployé aujourd’hui sa stratégie gouvernementale d’achats locaux institutionnels… dans un hôpital.

« Je suis très content d’être à l’hôpital », a-t-il lancé en boutade alors qu’il dévoilait les grandes lignes de la Stratégie de positionnement des aliments du Québec sur le marché d’ici.

Une stratégie, a-t-il insisté, qui devra donner des résultats rapidement. Une enveloppe budgétaire de 5 M$ sur 3 ans accompagne cette stratégie qui vise à « rapprocher les entreprises d’ici des acheteurs des établissements publics et des distributeurs alimentaires ».

« Nous avions dit que l’État allait donner l’exemple et c’est ce que nous faisons », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, qui s’est tenue à la cafétéria de l’Hôpital Saint-François d’Assise (l’un des cinq hôpitaux du CHU de Québec) où son frère médecin, incidemment, est rattaché. Le lieu était bien choisi puisque le Centre hospitalier universitaire de Québec sert 3,6 millions de repas par année!

Pour « donner de l’impulsion » à cette stratégie, le gouvernement entend demander la « collaboration » des distributeurs alimentaires au cours de la prochaine année. Les enjeux sont considérables : le marché institutionnel (hôpitaux, écoles, garderies, prisons) avoisine les 1,2 G$ annuellement au Québec.

Trois d’entre eux ont d’ailleurs signé de telles ententes qui devraient permettre à un plus grand nombre d’entreprises de chez nous de mettre du Québec dans l’assiette au sein du réseau institutionnel.

« Nous voulons créer un bouillonnement, a dit souhaiter le vice-premier ministre et député de l’Abitibi. Nous savons qu’il y a beaucoup de travail à faire, du travail de sensibilisation, d’éducation. »

François Gendron estime que cette stratégie devrait porter ses fruits, dans la mesure où les distributeurs alimentaires et les acheteurs institutionnels des 17 régions du Québec travailleront en concertation. Il a bien parlé de concertation. Il n’est pas question, pour le moment, de légiférer pour inciter hôpitaux, écoles, garderies, prisons – à hausser les portions d’aliments du Québec.

« Ce qu’on propose, c’est un modèle plus souple, moins coercitif qu’une loi », a-t-il précisé en réponse à une question de la Terre.

Cela n’empêche pas le député de l’Abitibi de continuer de déplorer que des producteurs locaux, comme la boulangerie abitibienne qui commercialise les pains Lacroix, ont encore du mal à vendre leurs produits.

« Il y a une boulangerie à Normétal avec 57 employés; c’est l’employeur numéro 1, a-t-il d’abord rappelé. Mais il n’y a aucune espèce de logique d’acheter davantage de pain Weston à l’hôpital de LaSarre et au Centre hospitalier à Macamic. Moi je veux du pain Lacroix! Je répète, j’ai absolument rien contre le pain Weston, mais j’aimerais mieux le pain de chez nous à cause de l’impact sur les emplois. »

Pas une « politique d’achats »

Pour sa part, le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, qui était présent à la conférence de presse, considère qu’il s’agit là d’abord et avant tout d’une stratégie « pour positionner les distributeurs ».

« On ne peut parler d’une politique d’achats institutionnels », a-t-il confié à la Terre.

Il dit toutefois avoir compris, dans le message du ministre, « qu’éventuellement, si les résultats n’étaient pas au rendez-vous, il passerait à l’étape suivante et il ferait adopter une politique d’achats institutionnels ».

« Il faudra voir ce que ça va donner, relativise-t-il. Le ministre s’est fixé des objectifs à court terme. En mars 2014, on devrait pouvoir mesurer l’impact de cette stratégie. »

De son côté, le président du conseil d’administration d’Aliments du Québec, Gyslain Loyer, voit cette stratégie d’un œil favorable.

« C’est très positif, a dit le producteur d’œufs d’incubation. Tout ce beau monde-là va se parler davantage et, inévitablement, il y aura des retombées positives pour les distributeurs et les producteurs. Économiquement au Québec, on ne peut se passer de ce marché ».