Politique 3 septembre 2014

La misère des producteurs, les surplus de la Financière

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Tandis que La Financière agricole du Québec (FADQ) accumule les surplus, les producteurs agricoles s’essoufflent et abandonnent l’agriculture, faute de moyens financiers.

« C’est préoccupant et il est grandement temps de corriger le tir », avertit l’économiste en chef à l’Union des producteurs agricoles (UPA), Charles-Félix Ross, en entrevue à la Terre.

Chiffres à l’appui, il s’attend à ce que les surplus cumulés par la société d’État sur une période de 5 ans pourraient atteindre 450 M$ en avril 2015.

En même temps, le nombre de producteurs assurés par le Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) a chuté « d’au moins 20 % ». Les abandons ont été observés majoritairement dans les secteurs porcin et bovin.

« C’est incompréhensible, plaide-t-il. Il faut faire quelque chose pour qu’on cesse de perdre des producteurs assurés. De toute évidence, les programmes ne répondent plus à leurs besoins. »

Il ajoute : « Ça signifie qu’il faudra bonifier ces programmes de façon à consentir une aide financière accrue aux producteurs qui en ont le plus besoin. »

L’économiste pose la question : « Est-ce que la Financière a les moyens d’améliorer ses programmes? La réponse est oui, étant donné qu’elle a accumulé 450 M$ sur 5 ans. »

Charles-Félix Ross croit en outre que la rémunération des producteurs demeure inadéquate. « Il faudrait établir une rémunération plus juste du travail de l’exploitant. »

Enjeux importants

Ces constats sont mis en évidence dans une analyse économique réalisée par la Direction des recherches et des politiques agricoles de l’UPA.

« Nous avons fait part de nos requêtes au ministre des Finances [Nicolas Marceau], lors d’une récente rencontre préparatoire en vue de son prochain budget, souligne l’économiste de l’Union. Ce que nous avons soulevé a été bien reçu par le ministre. »

Parallèlement, un groupe de travail sur l’avenir des programmes de sécurité du revenu poursuit ses travaux, dans le cadre du renouvellement du cadre financier qui doit entrer en vigueur en avril 2015.

Les enjeux sont de taille, et les solutions pour redonner de l’oxygène aux producteurs ne manquent pas. « Mais encore faut-il relâcher la pression et permettre aux producteurs de souffler un peu », soumet Charles-Félix Ross.

Il rappelle que la FADQ ne souffre plus de problèmes de sous-financement, avec les 630 M$ dont elle dispose annuellement pour réaliser ses objectifs, contre 305 M$, il y a environ 5 ans.

Or, même si les budgets de la société d’État ont doublé, les valeurs assurées, elles, ont diminué. Ces valeurs sont passées de 3,9 G$ à 3,5 G$ (en 2012), et en 2013, elles atteignaient 3,1 G$.

« C’est significatif, relève l’économiste. Ça signifie qu’on perd des joueurs. Il y a des faillites. On fait fausse route. Il y a des signes d’essoufflement ».