Forêts 3 septembre 2014

75 millions de pmp à la scierie Clermond Hamel ltée!

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Il y a de l’histoire dans le Rang 7 de Saint-Éphrem-de-Beauce!

Il y a de l’histoire dans le Rang 7 de Saint-Éphrem-de-Beauce! Fondée en 1890, la scierie construite par Alphonse Hamel figure aujourd’hui parmi les compagnies québécoises qui achètent le plus de bois de sciage provenant exclusivement de la forêt privée.

Deux fois la proie des flammes, l’entreprise s’est modernisée sous le règne de Clermond Hamel et vend maintenant plus de 75 millions de pieds de bois.

Diversification

L’entreprise produit majoritairement pour le marché de la construction. Son président, Carmin Hamel, insiste toutefois sur l’importance de diversifier l’offre. « Nous livrons beaucoup de bois standard, mais nous nous sommes également spécialisés dans le non conventionnel avec la capacité d’offrir rapidement des pièces de diverses dimensions. Un entrepreneur qui a besoin de 50 madriers 8 X 8 de 16 pieds de longueur recevra sa commande en moins de deux jours. Ce type de marché ne représente pas d’énormes volumes, mais c’est une clientèle non négligeable qui nous considère comme la référence dans ce secteur. » Au-delà des essences traditionnelles de sapin-épinette, la scierie Clermond Hamel ltée propose du pin rouge. « L’approvision­nement en pins rouges provient principalement du sud de la frontière, admet M. Hamel. D’une part parce que la production locale n’est pas suffisante, d’autre part parce que la qualité du bois américain est excellente. De surcroît, ce choix optimise nos dépenses de transport : après avoir livré le produit fini aux États-Unis, plutôt que de revenir vides, nos camions rapportent les arbres. » Comme autres débouchés, l’entreprise démarrera en juin prochain une usine d’affinage où elle produira des madriers embouvetés et du bois de revêtement. « Nous étions à un salon de l’habitation où plusieurs entreprises vendaient des chalets en bois. Sauf qu’aucun exposant n’offrait le bois pour en construire! Si un particulier désire se bâtir un chalet selon ses propres plans, où s’il veut rénover une maison de campagne en aménageant sa devanture en bois pièce sur pièce, où prend-il ses matériaux? » L’usine propose donc toutes sortes de produits : du bois pour des murs pièce sur pièce, des lambris intérieurs, des planchers, des lambris extérieurs arrondis qui donnent l’apparence d’un chalet en bois rond, etc. Le personnel offre un service personnalisé, guidant chaque client dans leur projet, autant résidentiel que commercial. Les objectifs de ce nouveau marché ne concernent pas tant l’accroissement des volumes que la valeur ajoutée au produit fini.

De plus, la scierie est autosuffisante en lattes (les séparateurs employés dans l’empilage des planches). « Actuellement, notre bois de qualité inférieure est vendu à bas prix, et nous le rachetons une fois transformé en lattes (…) », fait remarquer Carmin Hamel.

La descente des sous-produits

Aujourd’hui, la scierie Clermond Hamel ltée produit en trois semaines ce qu’elle livrait annuellement en 1970. Hausser encore le niveau de production n’apparaît toutefois pas dans les projets. « Nous n’envisageons pas d’accroître les volumes, car cela nécessiterait de s’approvisionner dans des régions québécoises plus éloignées, et avec le prix du carburant, il ne resterait rien aux producteurs. Sans grands secrets, on peut dire que la situation est difficile depuis six ou sept ans. En 2010, nous avons cru que ça y était : enfin la reprise. De fait, les prix augmentaient, de même que la demande. Mais tout a replongé. Comme si le fil d’arrivée de la relance s’éloignait chaque fois qu’on s’en approchait », observe M. Hamel. Il ajoute que sur les 20 scieries présentes dans son secteur, cinq ont fermé. Un phénomène qui n’est pas seulement lié à la faible demande américaine de bois d’œuvre. « L’écorce, la ripe et la sciure se vendaient à bon prix jusqu’en 2009. Comme ce marché représente près de 20 % de nos revenus, c’est un peu ce qui permettait de nous tirer d’affaire. Mais aujourd’hui, le prix des sous-produits a baissé d’environ 25 %. À cela s’ajoute l’appréciation du dollar américain, qui diminue la compétitivité de notre bois exporté, et le prix croissant du carburant, qui gruge les bénéfices. Bref, en ce début de 2011, rien n’est évident, et on vit d’espoir, présentement. »

La forêt privée s’améliore

Cinq générations de Hamel ont exploité cette scierie. Ils ont vu défiler plusieurs millions de pieds de bois durant les 121 dernières années! À ce sujet, il était intéressant de connaître l’opinion de M. Hamel quant à l’évolution de la matière provenant de la forêt québécoise. « Il y a trente ans, mon père effectuait des démarches pour s’approvisionner en bois dans le Nord québécois, car il en manquait ici. Mais aujourd’hui, avec les travaux sylvicoles et l’aménagement des plantations, les volumes et la qualité se sont améliorés. La forêt privée d’ici est sur la bonne voie. Bien sûr, il y a toujours place à l’amélioration, et certains producteurs devraient laisser pousser leurs arbres davantage. Ils les livrent alors qu’ils sont trop petits et en pleine période de croissance. L’idéal serait de pouvoir offrir de meilleurs prix aux producteurs. Leur santé financière s’en trouverait améliorée, et cela nous permettrait d’être plus exigeants sur la qualité du bois que nous leur demandons de produire. Mais confrontés à la réalité d’un marché mondial, nous n’avons pas d’influence sur les prix. »