Actualités 14 octobre 2015

La formation au premier plan aux Serres Synnott

Pas facile de dénicher des diplômés en horticulture ni de former des recrues en Gaspésie, loin des institutions qui enseignent cette discipline. Les Serres Synnott, de L’Anse-au-Griffon, ont quand même toujours trouvé le moyen d’offrir des cours à leurs employés et tablent là-dessus pour améliorer la performance de ces derniers et les garder.

L’ANSE-AU-GRIFFON—Allen Synnott, copropriétaire des Serres Synnott, a toujours été proactif dans son apprentissage du métier. En 1989, quand lui et son épouse Francine Ste-Croix ont démarré leur entreprise, M. Synnott savait qu’il irait suivre un cours en horticulture ornementale, puisqu’il n’avait aucun diplôme dans ce champ de spécialisation.

Le goût de l’agriculture, il l’avait déjà dans le sang. « Je tiens ça de ma mère et de mon grand-oncle, qui étaient proches de la terre », dit M. Synnott. Et apprendre n’était pas seulement une nécessité. « J’ai toujours été avide de savoir », ajoute-t-il.

Les deux propriétaires des Serres Synnott, ainsi que les six personnes qu’ils emploient de juin à septembre, travaillent dans 15 000 pieds carrés de serres.

« On a toujours dû former nos employés, explique M. Synnott. La main-d’oeuvre est rare [en horticulture] en Gaspésie et au Québec en général, car c’est du travail saisonnier, physique et exigeant. Les gens qui travaillent à la production donnent aussi des conseils aux clients et c’est ça qui est le plus difficile. »

Rien de pire, estime l’horticulteur, qu’un commerçant qui « dit n’importe quoi » à ses clients. « La meilleure façon de dire la vérité, c’est de savoir de quoi on parle », répète-t-il à ses employés.

Les ressources en formation se trouvent d’abord au sein de l’entreprise. La fille de M. Synnott, Édith, détient un diplôme de l’Institut de technologie agroalimentaire à La Pocatière. « Pour ce qui est des végétaux, c’est Édith et moi qui formons les employés sur le terrain. » Un agronome de l’Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale (IQDHO), Gilbert Bilodeau, vient passer une journée à l’occasion pour des formations spécifiques et sert de référence en cas de problème. « Souvent, quand on a des interrogations, on prend des photos et on envoie ça à Gilbert. Le lendemain, on fait une réunion avec les employés sur le bord du comptoir », rapporte M. Synnott.

Des employés mieux formés sont plus autonomes, constate l’horticulteur. « On n’est pas toujours obligés d’être là; ils ont une meilleure performance au travail et ils sont capables de donner l’heure juste à la clientèle. S’ils ne savent pas, ils me consultent. » Les formations renforcent le sentiment d’appartenance à l’entreprise et permettent de garder les employés plus longtemps, estime M. Synnott.

Les Serres Synnott sont à moins de 500 mètres de la mer. En travaillant, M. Synnott entend parfois une baleine souffler. Mais la beauté du décor cache une autre réalité.

Peu de cours sont offerts en Gaspésie, faute d’un nombre minimum d’exploitations pour le faire, remarque M. Synnott. Il s’est souvent déplacé jusqu’à Québec, à Montréal ou à Saint-Hyacinthe, des villes situées à des distances de 700 à 900 km de chez lui. Quand une occasion de formation se présente en Gaspésie, M. Synnott en profite. Il y a quelques années, une démonstration sur la culture du chanvre se tenait à Capucins, à 230 km des Serres Synnott. Peu importe, « on a rempli la van d’employés et on y est allés ».

À 59 ans, M. Synnott songe à ralentir et répartit le savoir entre ses enfants. « Les trois enfants qui pourraient prendre la relève, je leur ai fait suivre le cours sur la manutention des pesticides. Mon fils Patrick, je l’ai invité à suivre avec moi une formation sur la culture de l’ail », illustre-t-il.

 

Geneviève Gélinas