Actualités 21 octobre 2015

Agriculteurs et fiers de l’être, mais humains avant tout

ROUYN-NORANDA — La 47e assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue (UPA-AT) s’est déroulée sous le signe de la fierté, mais aussi de l’urgence : fierté d’exercer le métier d’agriculteur, urgence d’obtenir les moyens pour être en mesure de continuer à le faire.

« Je ne travaille pas pour des colonnes de chiffres, mais pour des humains, des gens qui sont amoureux de leur métier et qui veulent occuper le territoire de façon vivante et dynamique », a déclaré le président de l’UPA-AT, Sylvain Vachon, qui a été réélu sans opposition pour un nouveau mandat. Or, si la fierté de produire est toujours bien présente chez les agriculteurs, les embûches, elles, se multiplient. À cet égard, M. Vachon a cité le cas récent de trois municipalités du Témiscamingue qui ont adopté des règlements très restrictifs en ce qui concerne la production porcine.

« Ces règlements, que nous jugeons abusifs, vont à l’encontre du droit de produire dans une zone agricole. On veut éviter les cow-boys et c’est compréhensible, mais on ne doit pas oublier que notre région est d’abord rurale », a-t-il fait valoir. La question a d’ailleurs fait l’objet d’une résolution visant à demander à Québec de faire en sorte que les municipalités et les MRC ne puissent plus mettre sur pied de nouvelles réglementations dans le domaine agricole sans avoir, au préalable, l’accord des ministères concernés.

Trois ans de plus pour le drainage des terres

Les quelque 50 délégués présents à l’assemblée ont aussi adopté une résolution visant à demander au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec de maintenir le programme de soutien au drainage des terres de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec. « C’est un outil de développement important qui a fait ses preuves, a signalé Sylvain Vachon. Les 3 M$ qui ont été octroyés au cours des trois dernières années nous ont permis de drainer 4 200 hectares de terres et, du même coup, d’en améliorer la productivité. Ce programme prendra toutefois fin le 31 mars prochain. Comme nous sommes encore loin de la moyenne des autres régions, il est essentiel de le reconduire pour trois autres années au moins. »

Une détresse à guérir

Gardant en tête que le taux de suicide chez les agriculteurs dépasse aujourd’hui le double de celui de la population québécoise, alors qu’il y a moins de 100 ans, c’était le métier où l’on en comptait le moins, l’assemblée a également adopté une résolution destinée à protéger la santé psychologique de ses membres. L’Union des producteurs agricoles (UPA) a été invitée à organiser, en 2016, un forum sur la question, auquel prendront part aussi bien des producteurs que des chercheurs et des intervenants du monde de la santé.

Elle devra aussi travailler de concert avec l’Association québécoise de prévention du suicide afin d’améliorer la formation des sentinelles; celles-ci doivent en effet être mieux équipées pour faire face à la réalité vécue par les agriculteurs. L’assemblée a également demandé à l’UPA-AT de former un comité en santé psychologique. Son mandat consistera à mettre en œuvre un plan d’action. « La situation actuelle dans le monde agricole est loin d’être parfaite, a reconnu M. Vachon. Doit-on pour autant abdiquer et baisser les bras? Je ne le crois pas. »