Environnement 2 septembre 2014

Le gaz fait pression sur la politique

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Les premiers puits de gaz de schiste forés en Pennsylvanie datent de 2003, mais les tractations politiques sont encore intenses afin, notamment, d’instaurer des redevances à l’État.

Plusieurs personnes rencontrées par la Terre en Pennsylvanie ont remis en question l’impartialité du gouverneur républicain de l’État,

Tom Corbett, qui a reçu des dons importants de l’industrie du gaz pour sa campagne électorale. Le cas de ce politicien n’est pas une exception.

Aucune redevance n’est versée à l’État en Pennsylvanie. Un projet de loi est cependant en discussion au Sénat afin d’instaurer des frais pour les compagnies qui forent des puits. Un montant fixe de 40 000 $ par puits est actuellement sur la table, mais plusieurs groupes estiment que c’est insuffisant. Les élus républicains et démocrates ne s’entendent pas sur le montant ou sur la façon d’imposer des redevances et aucune loi ne sera donc votée à court terme.

Le gaz occupe une bonne partie des actualités et des discussions en Pennsylvanie. La capitale Harrisburg a été envahie par les manifestants à plusieurs reprises. Certains contestataires allaient d’ailleurs plus loin que la question des redevances et réclamaient un moratoire. Un des principaux quotidiens de Pittsburgh, le Post-Gazette, a créé cette année le site Internet Pipeline (http://shale.sites.post-gazette.com) entièrement dédié aux questions liées au gaz.

Une coalition d’une dizaine de groupes, dont Clean Water Action et un syndicat du secteur de l’éducation, réclame des redevances plus importantes (Severance Tax). Le groupe souhaite ainsi renflouer le département de l’Environnement de Pennsylvanie (DEP), qui a fait l’objet de plusieurs baisses de budget importantes dans les dernières années. On espère aussi qu’une partie de ces redevances aille aux municipalités et aux écoles. Malgré diverses manifestations de la coalition, l’optimisme n’est pas au rendez-vous et on tente même de convaincre l’industrie directement plutôt que les politiciens.

Des propriétaires de terres craignent par ailleurs une éventuelle législation de l’État qui forcerait la signature de tous lorsqu’une majorité d’entre eux auraient donné leur aval.

Cadeaux aux municipalités

« Il n’y a pas de moyens de protection pour les communautés locales », indique Tom Hoffman, directeur du groupe Clean Water Action, à Pittsburgh. Une petite ville qui projetait de réglementer le gaz aurait même fait l’objet de menaces de la compagnie en place, qui dispose d’énormes moyens financiers. Les gazières financent bien souvent plusieurs projets locaux, comme la bibliothèque ou la salle municipale, dans le but de se garantir la collaboration des élus locaux. « Ils ont pris le contrôle des gouvernements locaux », affirme même M. Hoffman, qui parle également de contributions électorales à ce niveau.

Plusieurs compagnies s’engagent par ailleurs à investir dans la réfection des routes de Pennsylvanie utilisées par leurs camions. Certains chemins de gravier ont même été asphaltés.
Nouvelle politique fédérale?

Notons aussi que le gouvernement fédéral américain se penche sur l’industrie du gaz de schiste puisqu’une étude de trois ans est menée par l’Agence de protection environnementale (EPA). Il n’est toutefois pas certain que le Congrès américain légifère au terme de ce processus, car peu d’États s’intéressent de près à ces questions, et le pays souhaite ardemment cheminer vers une plus grande indépendance énergétique.

Il est important de comprendre qu’une modification réglementaire, introduite en 2005 par l’administration Bush-Cheney, exempte le pétrole et le gaz de certaines règles environnementales (Clean Water et Clean Air Act) qui s’appliqueraient ­normalement pour n’importe quelle autre industrie qui voudrait injecter des produits dans le sous-sol.