Environnement 2 septembre 2014

Pas de gaz de schiste au Centre-du-Québec

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Les compagnies gazières représentées par l’ex-premier ministre Lucien Bouchard ne sont plus les bienvenues dans le Centre-du-Québec.

Réunis en congrès annuel le jeudi 6 octobre à Drummondville, les délégués régionaux de l’Union des producteurs agricoles (UPA) se sont prononcés contre tout nouveau projet de gaz de schiste sur leur territoire, après avoir longuement discuté sur les implications d’une telle prise de position.

Les producteurs ont finalement résolu d’interdire tout projet de fracturation hydraulique et de forage, en plus de s’opposer au développement de l’industrie du gaz de schiste. En d’autres termes, il n’y aura pas de projet d’exploration « tant et aussi longtemps que des garanties prouvant que le développement peut se faire proprement, correctement et dans l’intérêt de tous ne seront pas fournies ».

Cette résolution, qui a été amenée par le syndicat des producteurs de Bécancour, pourrait donner le ton à un débat encore plus large sur l’exploration éventuelle et potentielle de puits de gaz de schiste au Québec. C’est la première fois qu’une fédération régionale prend une position aussi tranchée dans un débat qui soulève les passions. On s’attend à ce que l’UPA adopte une position officielle lors de son congrès provincial en décembre à Québec. « J’aimerais que cet enjeu-là soit débattu au sein de l’UPA », a déclaré le président de la Fédération du Centre-du-Québec, Jean-Luc Leclair, dans un point de presse en marge de l’assemblée générale annuelle de la fédération.

Il a reconnu que, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de prise de position formelle de l’UPA pour ou contre l’exploitation de puits de gaz de schiste, ce qu’un délégué a d’ailleurs soulevé lors de la période des questions. Mais il a ajouté du même souffle que les producteurs sont toujours intervenus « en tant que citoyens » dans ce dossier hautement controversé. Il faut croire que, cette fois, les producteurs du Centre-du-Québec ont voulu aller plus loin et suivre ainsi le mouvement de contestation au sein de la société québécoise. « Tant qu’on ne sera pas rassurés, on arrête tout ça », a insisté le président de la Fédération.
Jean-Claude Leclair a fait valoir que les producteurs ont les mêmes craintes que les citoyens ordinaires. « Les producteurs puisent leur eau dans les puits artésiens, et ce sont ces puits qui pourraient devenir à risque. Où prendront-ils leur eau si elle est contaminée par les puits de gaz de schiste? » a-t-il questionné.

Cohabitation

De son côté, le 1er vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux, qui a participé à une mission en Pennsylvanie à l’été 2011 pour voir sur place comment se fait la cohabitation entre les citoyens et les compagnies gazières, insiste sur l’importance de protéger les producteurs agricoles, chez nous, au Québec. Il a noté que sur 31 puits au Québec, 21 fuient.

« Les producteurs souhaitent être rassurés et non pas être dédommagés après le fait, dans la mesure où les compagnies gazières contamineraient la nappe phréatique lors d’éventuels travaux de forage et d’exploitation », a dit Pierre Lemieux. Il rappelle qu’un groupe de spécialistes nommés par le BAPE se penche sur les divers aspects liés à l’exploitation de ces puits. Un rapport doit être livré d’ici à deux ans pour mesurer le degré de dangerosité. « Nous voulons voir l’impact sur l’agriculture, tout comme celui sur l’environnement. Mais une chose est claire : nous ne voulons pas attendre que les travaux de forage débutent pour négocier nos conditions avec les compagnies gazières », dit Pierre Lemieux.