Environnement 2 septembre 2014

Nouvelle filière d’éthanol agricole en vue au Québec

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L’arrivée des déchets comme matière première pour la production d’éthanol à l’usine de Varennes ne signifie pas nécessairement que l’agriculture sera exclue du développement des biocarburants au Québec.

« Le projet d’Enerkem et Greenfield est bon et ça montre que l’éthanol de maïs était un préalable », a commenté Germain Chabot, président de Pro-Éthanol, un groupe de producteurs qui approvisionnent l’usine de Greenfield en maïs et qui en sont aussi des actionnaires minoritaires.

M. Chabot travaille justement depuis quelques années à un projet d’extracteur de sucre qui permettrait de traiter la biomasse agricole (tiges de maïs, résidus de conserverie, panic érigé ou saule) pour séparer le sucre des fibres. La partie sucrée peut ensuite être utilisée dans une distillerie. L’usine de Varennes s’est d’ailleurs montrée intéressée. Ce sucre contribue à augmenter le rendement en éthanol de chaque tonne de maïs utilisée. « On va éventuellement greffer un nouveau module en biotechnologie », confirme Jean Roberge, directeur général de l’usine de Varennes. Le concept de « bioraffinerie intégrée » permet ainsi de regrouper différents modules (thermochimique, biotechnologique) de façon plus rentable qu’une usine d’éthanol cellulosique séparée sans composante principale d’éthanol de première génération au maïs.

Les fibres peuvent ensuite être utilisées dans divers matériaux utiles dans des secteurs aussi variés que l’horticulture, les recouvrements de routes, les matelas ou les panneaux de construction. « On vise les marchés les plus lucratifs », explique M. Chabot, qui est en discussion avec plusieurs acheteurs potentiels pour la fibre.

Tests

De nombreux tests ont déjà été effectués. On a par exemple récolté et entreposé des tiges de maïs. M. Chabot estime qu’il est possible de récolter un peu plus de 30 % des tiges de maïs une année sur deux ou trois sans nuire à la matière organique des sols. L’idée de base est de constituer un cycle annuel pendant lequel le panic serait traité au printemps, les résidus de conserverie l’été et le saule l’automne afin d’approvisionner l’usine à longueur d’année sans devoir entreposer longtemps. L’extracteur ne doit par ailleurs pas être trop loin de la matière première afin de minimiser le transport. Le sucre peut ensuite être acheminé à l’usine d’éthanol par camion-citerne. On peut donc penser qu’il serait pertinent d’implanter trois ou quatre extracteurs au Québec. Le projet vise toutefois une seule usine au départ.

L’éthanol au service de l’environnement

L’ensemble des producteurs agricoles n’a pas été consulté sur la production de biomasse. La base du projet est toutefois de permettre un débouché rentable pour la matière issue des bandes riveraines de panic érigé ou de saule. L’éthanol cellulosique agricole pourrait alors représenter un double bénéfice environnemental en diminuant la pollution diffuse dans les cours d’eau tout en fournissant un carburant renouvelable réduisant les gaz à effet de serre (GES).