Environnement 2 septembre 2014

Le schiste crée des remous en Mauricie

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Réveil brutal pour les gens des municipalités de la MRC de Maskinongé. La gazière québécoise Junex veut y extraire du schiste.

« Nous avons été informés que Junex a gelé 75 % de notre territoire, tandis que dans d’autres villes environnantes, c’est 100 %. C’est préoccupant, pour le moins », a confié jeudi à la Terre le maire de Charette, Guy Diamond.

Dans une moindre mesure, la municipalité de Saint-Élie-de-Caxton, qui rayonne grâce au conteur Fred Pellerin, a également fait l’objet de « claims » (droits) de la part de Junex, une société boursière basée à Québec qui détient des permis d’exploration totalisant 5,1 millions d’acres.

« Nous calculons qu’environ 50 % du territoire est touché. Inutile de vous dire que cela constitue un enjeu économique et écologique majeur. On peut parler d’un tournant, et il faudra en mesurer les impacts sur l’environnement, et sur l’utilisation de l’eau », souligne le maire de Charette.

Dossier urgent

Une assemblée d’information a eu lieu sur ce dossier urgent, mercredi soir, à la demande de Guy Diamond, et à laquelle ont participé un groupe de citoyens et d’élus. Il y a trois semaines, les maires de la MRC se sont réunis pour les mêmes raisons.

Fait à souligner, c’est le Comité vigilance gaz de schiste de la Mauricie qui a mis les maires au courant de l’existence de droits gaziers sur leur territoire. Le biophysicien Marc Brullemans, membre du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste, et membre de Terre Citoyenne, a longuement exposé la situation lors de l’assemblée des citoyens, mercredi soir, à Charette.

« Nous allons décider des actions à prendre. On pense à une pétition, on veut surtout protéger nos eaux souterraines, dans l’éventualité où des travaux de forage seraient amorcés. Nous avons à Saint-Élie-de-Caxton, Saint-Barnabé et Charette une eau de qualité exceptionnelle, sans chlore ni fluore, et nous ne souhaitons pas la voir contaminée », fait valoir le maire Diamond.

Évaluation environnementale

Mais le temps presse. Comme l’ont appris les citoyens et les élus, la gazière aurait déjà foré deux puits sur le territoire, il y a quelques années, sans que personne ne soit mis au courant. Des propriétaires auraient récemment été approchés par une firme d’avocats pour se faire proposer des arrangements en vue de céder leurs terres pour des travaux de forage.

Il faudra voir, par ailleurs, quelles conclusions tirera le Comité de l’évaluation environnementale stratégique (ÉES) sur les gaz de schiste, qui a débuté son mandat le 26 mai 2011, et qui devrait normalement accoucher d’un rapport vers l’été 2013. Entre-temps, il n’est pas censé se faire de travaux d’exploration sur le territoire québécois, tant que l’étude ne sera pas finalisé.