Politique 27 juillet 2015

Plus de 450 personnes manifestent à Roberval

Plus de 450 agriculteurs et supporteurs de toutes les régions du Québec ont demandé à Denis Lebel de défendre la gestion de l’offre dans son intégralité lors d’une manifestation tenue à Roberval ce matin. La gestion de l’offre n’est pas négociable, et des actions seront entreprises si le gouvernement Harper fait des concessions en ce sens.  

Après avoir écouté sagement les requêtes des agriculteurs, applaudissant les interlocuteurs après leurs interventions, Denis Lebel a soutenu que son soutien aux agriculteurs serait intégral. Il n’a toutefois pas pu faire de promesse. « Je ne vais pas vous promettre quelque chose que je ne suis pas en mesure de livrer », a-t-il mentionné, notant que la mobilisation des agriculteurs l’aidait à passer le message à Ottawa.

Pour Yvon Simard, président de l’UPA au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les accords commerciaux ne servent pas les producteurs, mais les grandes corporations. « Le prix du lait a déjà baissé de 10 %, et c’est assez », a-t-il dit. Le Partenariat transpacifique, accord de libre-échange qui touchera 40 % de l’économie mondiale, pourrait être conclu au cours des prochaines semaines.

Jean-Nicolas Tremblay, un jeune producteur d’œuf de Saint-Ambroise, estime aussi que la gestion de l’offre est indispensable. « Sans la gestion de l’offre, mon entreprise n’existerait pas. Cette mesure est bonne pour l’ensemble des Canadiens », a-t-il déclaré.

Pour Luc Boivin, directeur général de la fromagerie Boivin, « la gestion de l’offre, c’est un système qui a assuré aux petits transformateurs l’accès à la matière première. Avant, on n’était pas capables d’avoir du lait. Tout allait aux gros transformateurs », a-t-il soutenu. M. Boivin transforme 30 millions de litres de lait par année et emploie 150 personnes.

Les intervenants ont cité en exemple l’Australie, qui a déréglementé son système de gestion de l’offre en 2000. Depuis, le nombre de fermes laitières a baissé de 51 %, la production, de 15 %, et les exportations, de 13 %. Pendant ce temps, les producteurs reçoivent 23 % moins d’argent et les consommateurs paient le lait 36 % plus cher ! La Nouvelle-Zélande et l’Europe sont dans la même situation.

« Si on a gain de cause, on va vous dire merci; sinon, on va revenir. On ne va pas accepter de laisser partir ce qu’on a bâti depuis plusieurs générations. Il faut continuer à concevoir des mécanismes pour avoir des revenus équitables sans subventions », a pour sa part mentionné Pierre Lemieux, vice-président de l’UPA, qui note que 43 % de la production agricole canadienne est sous la gestion de l’offre.

Selon Pierre Girard et Pierre Turcotte, producteurs laitiers de La Baie et de Saint-Bruno, les gens auraient pu faire des menaces plus sérieuses au ministre Lebel. « On est venus ici avec nos tanks à fumier vides, mais la prochaine fois, elles seront pleines », a lancé Pierre Girard, qui n’hésitera pas à faire un coup d’éclat si la situation l’exige. « Je suis là pour ma ferme, pour sauver nos enfants et pour donner au suivant », a ajouté Pierre Turcotte, qui a été déçu par la position du ministre Lebel.