Politique 30 juin 2015

Gestion de l’offre : la position de Harper sème la confusion

La position du premier ministre Stephen Harper face à la défense du système de la gestion de l’offre continue de semer la confusion.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) est la dernière en lice à réagir à propos des intentions du gouvernement conservateur.

« Les petits agriculteurs sont aussi des petits entrepreneurs, et ils sont inquiets », constate en entrevue à la Terre la vice-présidente principale et porte-parole nationale à la FCEI, Martine Hébert.

« C’est un dossier qu’on suit de très près et qui évolue de jour en jour », ajoute-t-elle.

Il y a quelques jours, le premier ministre Harper, de passage à Québec, a fait une déclaration qui a été interprétée, par plusieurs, comme une forme de relâchement dans sa politique de défense de la gestion de l’offre.

« Dans toutes ses négociations, a-t-il dit en substance, le Canada fait de son mieux pour agir dans le meilleur intérêt de tous nos secteurs [économiques]. »

Il était question des négociations en vue d’un accord commercial avec les pays de la zone Asie-Pacifique, dans le cadre d’un éventuel Partenariat transpacifique (PTP)

Des éléments à clarifier

Martine Hébert reconnaît qu’il reste beaucoup d’éléments à clarifier et que « les signaux ne sont pas clairs ». Elle concède que personne ne connaît encore le « deal » qui sera négocié entre les pays qui vont y adhérer.

De son côté, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, demande à Stephen Harper de défendre le système de gestion de l’offre « dans son entièreté », en marge des négociations du PTP.

La semaine dernière, le nouveau chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a sommépar voie de communiqué les partis canadiens de « sortir de leur mollesse habituelle et de faire savoir s’ils protégeront ou non la gestion de l’offre ».

Des conséquences importantes

Chose certaine, la vice-présidente de la FCEI rappelle que le marché visé présente un « potentiel énorme », considérant que les 12 pays qui pourraient y adhérer affichent un produit intérieur brut (PIB) combiné de 28 000 milliards (soit près de 40 % de l’économie mondiale). C’est sans compter les 792 millions de consommateurs qui s’y trouvent.

« C’est sûr que si jamais le gouvernement fédéral laissait complètement aller le système de gestion de l’offre [pour signer l’accord commercial avec les pays de la zone Asie-Pacifique], analyse Martine Hébert, ça aurait des conséquences très importantes à l’échelle canadienne sur l’industrie agricole. »

« Il ne faudrait pas que ça se fasse sans un plan de compensation satisfaisant et étalé sur plusieurs années pour donner le temps au marché d’absorber tout ça », plaide-t-elle.

La Fédération compte 24 000 membres au Québec, dont 1 200 sont des entreprises agricoles actives dans l’industrie laitière, la volaille, les produits céréaliers, le porc et le bœuf. Au Canada, la FCEI représente 7 200 entrepreneurs en agriculture.