Élevage 2 septembre 2014

Intégration porcine : quand on se compare…

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La concentration et l’intégration de la production porcine au Québec n’ont aucune commune mesure avec ce qui se passe de l’autre côté de la frontière canado-américaine.

Chez nos voisins du Sud, la production porcine est largement contrôlée par les grandes corporations. Et Smithfield domine outrageusement. Le numéro un mondial du porc engraisse par contrat plus de 16 millions de porcs par an. Son abattoir phare de Tar Heel, en Caroline du Nord, transforme 34 000 têtes par jour, soit plus de 8 millions de porcs par an. Davantage que la production actuelle du Québec!

Aux États-Unis, les intégrateurs sont toutefois encadrés par la Packers and Stockyards Act (GIPSA), littéralement la Loi sur les transformateurs et les parcs d’engraissement. Cette loi fut adoptée en 1921 dans le but de protéger les éleveurs et les consommateurs contre des pratiques abusives, discriminatoires et monopolistiques de la part des transformateurs.

En outre, plusieurs États ont leurs propres lois « anti-corporations agricoles » qui interdisent aux grandes firmes de posséder des animaux. Ces lois controversées sont sérieusement mises à l’épreuve devant les tribunaux, explique Jeffrey J. Reimer, de l’Université du Wisconsin. L’intégration risque cependant de frapper un mur législatif avec la réforme de la GIPSA. Certaines modifications proposées obligeraient les acheteurs à maintenir des rapports justifiant les variations des prix offerts aux différents producteurs. Les changements leur interdiraient aussi d’offrir de meilleurs prix aux éleveurs pouvant livrer de plus grands volumes.

Ces propositions soulèvent un tollé auprès des abattoirs et même de certains groupes d’agriculteurs, qui craignent des conséquences désastreuses pour l’industrie de la viande. On parle de pertes de un milliard de dollars par an.

Grâce à l’opposition farouche du Congrès américain, ces éléments ont été retirés de la version de la GIPSA adoptée en décembre dernier. Le Congrès tente maintenant de museler le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), qui est déterminé à poursuivre la réforme de la loi. « Malgré ce recul, l’USDA et l’administration Obama demeurent engagés à promouvoir un marché juste et transparent », a d’ailleurs déclaré le secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack.

Il faudra probablement attendre le prochain Farm Bill américain, et peut-être les élections, pour connaître l’issue de la réforme.