Élevage 29 août 2014

XL Foods : les bovins de l’Ouest vendus à rabais

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Tel que publié dans La Terre de chez nous

Après avoir été paralysée par la présence de la bactérie E. coli dans ses installations, l’usine Lakeside Packers de la compagnie XL Foods a repris partiellement ses activités le 11 octobre.

Plus de deux semaines après la suspension des activités à l’abattoir albertain XL Foods et le rappel de bœuf contaminé par la bactérie E. coli, les éleveurs de bovins de l’Ouest doivent composer avec des baisses de prix significatives et croissantes. Pour l’instant, leurs confrères du Québec semblent épargnés par la crise.

Avec une capacité d’abattage de 4500 têtes par jour, l’usine Lakeside Packers visée par le rappel de viande est l’un des plus importants transformateurs de bovins de réforme et de bouvillons du Canada. Située à Brooks, en Alberta, elle était toutefois peu présente sur le marché de l’Est canadien. « Nous n’avons pas vu de variation majeure des prix et nous ne pouvons mettre ça sur le dos de XL Foods », confirme le président de la Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ), Claude Viel.

L’abattoir ontarien Better Beef, qui appartient au géant Cargill, serait toutefois moins « vorace » qu’à l’habitude. Fort heureusement, les éleveurs québécois peuvent compter sur un autre acheteur d’importance : l’usine JBS de Souderton, en Pennsylvanie.

Dans l’Ouest, la situation est tout autre. « Avec la suspension des activités d’un de nos deux principaux abattoirs, nous voyons refouler les animaux dans les parcs d’engraissement », a confié àla Terre Rich Smith, directeur général des Producteurs de bœuf de l’Alberta. En une semaine, les volumes transigés dans les encans albertains ont décru de 36 %.

M. Smith s’inquiète des effets de cette crise sur le reste de la filière bovine. « Nous n’avons pas encore vu de gros impact sur le prix des veaux d’embouche, mais nous entamons une période où des volumes importants d’animaux sont mis en marché. S’ils sont incapables de sortir leurs bouvillons, les parcs ne seront vraisemblablement pas très actifs dans l’achat de veaux », prédit-il.

La présente volatilité des marchés rend difficile l’estimation de l’effet « XL Foods » sur les fluctuations des prix. Malgré tout, la firme d’analyse Canfax a enregistré la semaine dernière des baisses de 2,57 $/100 lb carcasse pour les bouvillons. Quant au prix de la vache de réforme dans l’Ouest, il a chuté de 0,15 $/lb vif en trois semaines.

Plutôt que de retenir leurs animaux, avec des coûts importants de 4,00 $/bouvillon/jour, plusieurs éleveurs se tournent vers les transformateurs américains. Ainsi, les exportations de bovins de l’Ouest canadien vers les États-Unis ont plus que doublé par rapport à la même période l’an dernier, révèle l’agence Reuters.

Redémarrage

Au Québec, la mauvaise presse entourant le bœuf inquiète davantage Claude Viel que la chute des prix du bétail. Le président de la FPBQ rappelle que le retrait de viande concerne un seul établissement. Le malheureux événement peut toutefois avoir une incidence positive, à son avis. « Le gouvernement du Canada, qui semblait vouloir sabrer dans l’inspection, va y penser à deux fois », croit-il.

Fermée depuis le 27 septembre, l’usine Lakeside Packers a repris partiellement ses activités le 11 octobre. Elle peut ainsi transformer les quelque 5000 carcasses qui y sont actuellement entreposées et qui auront obtenu un résultat négatif aux analyses de dépistage de la bactérie E. coli effectuées par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Toutes les opérations se dérouleront sous des conditions particulières et sous une surveillance stricte. De plus, aucun produit de viande ne sortira de l’usine avant que l’Agence confirme par écrit au ministre fédéral de l’Agriculture que les mesures de contrôle de l’établissement arrivent à gérer efficacement les risques et que le produit en question est sûr.

Depuis le début de septembre, environ 1800 produits, pour plus de 2 millions de livres de viande, ont été retirés du marché. Au 12 octobre, 12 cas, dont un au Québec, de maladies liées à la consommation de bœuf contaminé étaient confirmés.