Élevage 29 août 2014

Des écarts de revenus inacceptables

15f5a4c03a4a6ffb6ce6d76ccfef0fd1

Deux syndicats agricoles de l’Hexagone ne mâchent pas leurs mots en qualifiant « d’insupportables et d’inacceptables » les écarts dans les revenus des agriculteurs français.

Ces réactions surviennent à la suite de la publication, la semaine dernière, des revenus prévisionnels des agriculteurs français pour l’année 2012 par le ministère de l’Agriculture.

Ces écarts illustrent non seulement une aggravation des disparités entre les grandes cultures et les productions animales, mais aussi entre exploitations d’une même production, font-ils valoir.

Le revenu moyen d’un agriculteur français s’établit à 47 000 dollars canadiens en 2012, en hausse de 5,5 % sur 2011 et de 25 % par rapport à 2000.

Les céréaliers, les producteurs de pommes de terre ou de betteraves ont gagné 103 500 $ (avant impôt), en hausse de 42 % sur 2011. Mais le quart d’entre eux fonctionne avec moins de 32 500 $. Les éleveurs de bovins et d’ovins se sont contentés de 19 500 $ et ont essuyé des pertes respectives de revenus de 8 % et de 22 %.

Le prix élevé des céréales a donc bénéficié aux producteurs de grandes cultures, mais il a pesé lourd sur les éleveurs, certains (bovins et ovins) ne touchant pas assez de revenus pour investir, payer leurs charges sociales et faire vivre leur famille.

De nombreux éleveurs de bovins et d’ovins font partie des neuf millions de pauvres que compte la France. Plusieurs ont décidé d’abandonner la production ou de reconvertir leur exploitation en céréales.

Le revenu des producteurs laitiers a baissé de 10 % en France en 2012, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture. Les aviculteurs et les éleveurs de porcs qui exploitent des élevages hors-sol s’en tireraient mieux cette année même si une partie des marges est absorbée par le prix élevé des aliments.

Les producteurs d’œufs de consommation profitent, pour leur part, de la hausse de prix consécutive à la baisse de volumes sur les marchés, due au passage à des cages enrichies. En viticulture, le revenu a baissé de 50  %.

Pour Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), l’évolution des revenus s’explique par la très forte volatilité des cours des matières premières. « La volatilité, il va falloir vivre avec, et les exploitations supportent une flambée des prix de l’énergie de 60 %, des intrants de 34 % et de l’aliment du bétail de 25 % en deux ans. »

Par ailleurs, le fonds promis par les céréaliers en faveur des éleveurs, par solidarité, ne peut être mis en place sur la base d’une cotisation volontaire obligatoire qui prête flanc à des condamnations, a fait savoir la FNSEA. L’idée était de verser 2,60 $ par tonne de céréales pour constituer un fonds de plusieurs dizaines de millions de dollars.