Élevage 29 août 2014

Les trois grands défis de l’industrie laitière

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Président de la Fédération des producteurs de lait du Québec (FPLQ), Bruno Letendre a articulé sa deuxième allocution devant les 150 délégués, réunis en assemblée générale annuelle, autour de trois grands défis : une vision nationale de développement, le lien de confiance avec la population et la nécessité de défendre bec et ongles la gestion de l’offre.

 

 

 

QUÉBEC — Avant de s’y attaquer, M. Letendre a invité les délégués à aborder les trois résolutions à l’ordre du jour touchant le quota laitier avec une certaine sérénité et en ne perdant pas de vue l’intérêt collectif. Car « tout ce qui concerne le partage des parts de marché entre les producteurs soulève les passions », a-t-il rappelé.

Le président de la FPLQ a utilisé un récent sondage du ministère de l’Agriculture du Québec pour démontrer que la production laitière attire plus de jeunes que les autres secteurs agricoles, toutes proportions gardées. Le survol des conditions économiques qui prévalent dans les autres pays où il n’y a pas de gestion de l’offre peut expliquer cet engouement des jeunes envers la production laitière.

M. Letendre a ensuite souligné aux délégués que la conversion de la fédération en syndicat provincial, le premier grand changement en 30 ans, devrait apporter plus de cohérence et de souplesse d’adaptation, « à la mesure de nos ambitions et de notre vision ».

Défis

Par après, il s’est attaqué à trois grands défis que l’industrie laitière doit relever. Le premier a trait à la nécessité de convenir d’une vision commune et durable de développement des marchés qui soit bénéfique pour tous les acteurs à l’échelle canadienne. Il a invité les producteurs, les transformateurs et les gouvernements à dépasser leurs intérêts respectifs et à y travailler ensemble. Il a rappelé que des pas ont déjà été faits avec les mises en commun régionales (pools régionaux) et la mise en commun des classes spéciales de lait à l’échelle canadienne.

En 2012, les provinces ont d’ailleurs convenu de créer une réserve de croissance pour le yogourt et les fromages et de rediriger le lait écrémé vers des marchés plus lucratifs pour les producteurs. Le cadre est donc en place, mais tout n’est pas réglé.

« Il ne manque pas de lait au Canada pour satisfaire tous les marchés, mais il faut s’assurer que le lait est au bon endroit, au bon moment et en quantité requise », a signalé M. Letendre. D’où la pertinence d’une gestion nationale.

Ce producteur de lait de l’Estrie a par contre invité l’industrie à être réaliste. « Ceux qui rêvent encore de développer les marchés d’exportation de masse avec du lait à rabais doivent revenir sur terre », a-t-il affirmé.

Confiance

Autre défi de taille : l’importance de maintenir et de développer le lien de confiance des producteurs de lait avec la population. Un sondage de la firme Ipsos Marketing, réalisé en février dernier, révèle que 97 % des Québécois font tout à fait ou plutôt confiance aux producteurs de lait. À ses yeux, les programmes Lait canadien de qualité (LCQ), obligatoire à compter du 1er août 2013, et ProAction, que les Producteurs laitiers du Canada veulent mettre en place, visent à bonifier ce lien de confiance.

Gestion de l’offre

M. Letendre a lancé un message clair au gouvernement du Canada au sujet de la gestion de l’offre qui subit toujours d’énormes pressions dans le cadre des négociations commerciales. « Nous n’attendons rien de moins du gouvernement canadien qu’il respecte sa parole et qu’il préserve intégralement la gestion de l’offre et nos marchés », a-t-il affirmé.

« Nous n’avons jamais baissé la garde depuis 1986 et nous avons récolté l’appui de nos gouvernements qui ont défendu la gestion de l’offre dans toutes les négociations commerciales jusqu’à maintenant », a-t-il déclaré en substance.

Pour illustrer l’importance de l’enjeu, il a avancé que « chaque [tranche de] 1 % de marché concédé représente 150 M$ de pertes pour les producteurs et les transformateurs laitiers du Québec ».

Le président Letendre a rappelé qu’il s’agit d’un système qui assure un revenu équitable aux producteurs, sans subvention, et qui fournit des produits de qualité aux consommateurs à prix raisonnables. C’est aussi un système qui contribue à la souveraineté alimentaire et qui procure des retombées économiques majeures dans les régions et pour l’État.