Élevage 29 août 2014

Le MAPAQ en alerte pour la fête du Bélier

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Tel que publié dans La Terre de chez nous

Les inspecteurs du MAPAQ redoubleront leur surveillance en fin de semaine prochaine en prévision de la fête musulmane Aïd-al-Adha.

Durant cette fête du Bélier, la tradition veut que les pratiquants égorgent un agneau, ce qui a donné lieu au cours des dernières années à des abattages discutables. Dans un climat exacerbé par le débat sur la Charte des valeurs québécoises, des musulmans s’apprêteraient à tenir leur cérémonie en Ontario.

La Terre a appris que des représentants de la communauté musulmane ont réclamé une rencontre avec le MAPAQ afin d’établir un mode de fonctionnement. Le ministère a profité de cette occasion pour rappeler les règles d’abattage et de bien-être animal en vigueur au Québec, privilégiant l’abattage des ovins dans les abattoirs certifiés halal, selon la religion musulmane. Sept ou huit établissements seraient certifiés parmi les abattoirs d’inspection permanente et plus d’une vingtaine, parmi ceux de proximité.

« Ça doit se faire dans le respect de nos lois. Ça veut dire qu’il ne doit pas y avoir de souffrances inutiles de l’animal, et ce, dans le respect de l’environnement », indique Daniel Tremblay du MAPAQ. Il note que le rituel religieux musulman est protégé par la Charte des droits et libertés. Ainsi, précise-t-il, le propriétaire d’un animal agit en toute légalité quand il exerce son rituel religieux pour sa consommation personnelle et familiale.

« C’est permis par la Charte », déclare-t-il. Il ajoute que la disponibilité des inspecteurs du ministère a été augmentée afin de permettre aux abattoirs reconnus d’allonger leurs heures d’ouverture les 12, 13 et 14 octobre prochains, soit la fin de semaine de l’Action de grâces. Malgré cet effort supplémentaire, reconnaît-il, la demande des pratiquants devrait dépasser largement les disponibilités des abattoirs, tout comme l’année dernière.

La Fédération des producteurs d’agneaux et de moutons du Québec tient un encan spécialisé samedi prochain à Saint-Hyacinthe pour la fête du Bélier. L’an dernier, plus de 3 800 bêtes ont été vendues à cette occasion. Âgés entre six mois et un an, ces agneaux mâles doivent afficher un poids supérieur à 80 livres.

Denis Lemire est un producteur ovin à Mascouche. En 2007, le ministère lui a imposé une amende de 8 000 $ pour avoir permis à des acheteurs de sacrifier leur achat dans sa ferme. Il jure qu’on ne l’y reprendra plus, bien conscient que les abattoirs ne parviennent pas à suffire à la demande. L’an dernier, raconte-t-il, il a racheté le soir l’animal qu’il avait vendu le matin, l’acheteur s’avérant incapable de trouver un abattoir, et ce, après une randonnée de plus de 400 km.

« Il y en a qui veulent aller égorger en Ontario pour contester la Charte », a-t-il confié à la Terre, précisant qu’il a déjà perdu certaines commandes. Il met au défi quiconque d’acheter un agneau et de trouver un abattoir prêt à l’abattre. Les abattoirs, affirme-t-il, vont préférer vendre leur propre production.