Élevage 29 août 2014

La diarrhée épidémique porcine frappe à nos portes

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Alors que plusieurs économistes prévoient enfin une embellie au cours des prochaines années à cause d’un raffermissement de la demande et des prix dû à l’augmentation du pouvoir d’achat des Chinois, une menace plane sur l’industrie porcine.

Il s’agit de la diarrhée épidémique porcine (DEP), qui fait déjà des ravages aux États-Unis et qui pourrait bien traverser la frontière dès cet hiver.

Réunis à Québec les 14 et 15 novembre derniers, les délégués des Éleveurs de porcs du Québec ont assisté à une série de conférences, dont le but visait à les prévenir de l’arrivée de cette maladie extrêmement contagieuse et à prendre les mesures qui s’imposent pour éviter d’en être victimes.

Selon le médecin vétérinaire François Cardinal, la DEP est considérée comme absente au Canada, mais sa phénoménale capacité de contagion fait craindre le fait qu’elle pourrait bien nous envahir dès cet hiver. Le premier cas n’a été répertorié aux États-Unis qu’en avril 2013 et déjà, elle occasionne des pertes économiques considérables dans une vingtaine d’États de l’est du pays, dont certains sont limitrophes. À tel point que l’on remarque une demande accrue pour les porcelets au sud de la frontière.

Selon cet expert, le virus de cette maladie ne se traite pas avec des antibiotiques. Sa transmission fécale-orale s’effectue à des doses infectieuses extrêmement faibles, puisque le fumier contaminé contient un million de fois plus de virus que dans le cas du Syndrome respiratoire et reproducteur porcin (SRRP). Les voies de propagation les plus courantes du virus se développent par l’entremise des porcs vivants, des camions de transport, du personnel et des visiteurs des fermes, des lisiers et fumiers, des aliments, de la vermine, des oiseaux et des insectes. Malheureusement, les grands froids de l’hiver canadien ne protègent pas les producteurs d’ici puisque ce virus y résiste très bien.

On suspecte également une diffusion aérosol qui pourrait atteindre de grandes distances. Le conférencier rapporte le cas de la Caroline-du-Nord où un espace de trois à cinq kilomètres s’est avéré nécessaire pour éviter les risques de contagion.

Chez les troupeaux affectés, on note de 80 à 100 % de mortalités de porcelets durant 3 à 5 semaines. Les symptômes sont semblables à la gastroentérite transmissible (GET) : on note de la fièvre, de l’anorexie, de la déshydratation et de la diarrhée. Des vomissements sont également possibles. En cinq jours, un porcelet qui semble en santé peut se retrouver mort, complètement déshydraté. François Cardinal craint que l’apparition de cette maladie au Québec génère des pertes financières du même ordre que celles que les éleveurs ont connues avec le SRRP.

Les plus optimistes y voient des occasions d’affaires, à condition que le Canada puisse éviter la contagion. Dans un tel cas, les producteurs d’ici pourraient compenser les pertes de porcelets américains et obtenir de meilleurs prix.

David Boissonneault, président des Éleveurs de porcs du Québec, admet que la situation s’avère inquiétante, mais il fait remarquer que les mesures de biosécurité sont plus développées au Québec qu’aux États-Unis. « Nous comptons beaucoup sur les efforts de l’Équipe québécoise en santé porcine (EQSP), qui a déjà posé des gestes pour prévenir la contagion. On doit monter la garde », a-t-il conclu.