Régions 30 janvier 2015

L’agroforesterie au service des grandes cultures en milieu riverain

NOTRE-DAME-DE-STANBRIDGE — Développé depuis 2004 sur les terres de grandes cultures établies en bordure des cours d’eau du bassin versant de la rivière aux Brochets, le réseau agroforestier riverain de 35 km visait d’abord à contribuer à l’amélioration de la qualité de l’eau, à la préservation des sols en milieu agricole et à l’élargissement des habitats fauniques. Aujourd’hui, les cultures avoisinant de tels aménagements profitent aussi de leur implantation.

« Pour le producteur en grandes cultures, c’est intéressant parce qu’il y a moins de plantes envahissantes comme l’asclépiade, le brome, la grande bardane et la verge d’or », indique Charles Lussier, géographe. Les herbacées indigènes qui ont pris leur place sous le couvert des arbres – les feuillus et autres résineux – sont devenues des habitats pour davantage de prédateurs que de ravageurs (70/30). Des insectes prédateurs bénéfiques aux cultures ont été répertoriés, tels que les Chlaenius pusillus (une espèce de carabe) et les coccinelles. Un recensement réalisé en 2013 faisait aussi état de la présence de 56 espèces d’oiseaux. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) a notamment procédé à un inventaire des micromammifères sur trois des sites du réseau, ce qui a permis d’observer une prédominance de la souris à pattes blanches (67,9 %). Parmi les espèces insectivores, la musaraigne cendrée et la grande musaraigne ont été identifiées.

Selon M. Lussier, une haie brise-vent riveraine ou un corridor forestier sont relativement simples à implanter sur le plan technique. Il reste toutefois encore beaucoup à apprendre sur ce type de plantations (système racinaire des arbres, type de sol, compétition avec les cultures avoisinantes, présence de maladies, d’insectes, d’oiseaux et de micromammifères). Cette méconnaissance s’est traduite par quelques erreurs qui ont pu être corrigées. « Quand il y a une sortie de drain, tu ne mets pas un arbre à côté », souligne M. Lussier, qui préfère planter à 10 mètres d’un système d’écoulement des eaux. Une rangée d’arbres a ainsi dû être coupée après qu’on eut constaté la présence d’un drain. Le positionnement d’une rangée d’arbres s’avère donc important. Pour ne pas nuire aux activités agricoles, il doit être effectué sur un seul côté du cours d’eau ou du fossé et de sorte que l’ombre portée par les arbres matures ne tombe pas sur les cultures, ce qui en limiterait la croissance.

Ce projet, au coût de 110 000 $, a été financé par le Programme de mise en valeur des ressources du milieu forestier – volet II du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec et de la CRÉ Montérégie Est. Il a bénéficié de l’appui de 20 autres partenaires financiers et de la collaboration de 50 entreprises agricoles du bassin versant de la rivière aux Brochets.