Élevage 29 août 2014

10 ¢ de plus le kilo

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Drummondville — Selon les résultats d’une étude réalisée sur 8 fermes d’élevage de poulets de chair, il en coûterait 10 ¢ de plus le kilo pour élever la volaille sans recourir aux antibiotiques et anticoccidiens.

C’est dans le cadre des conférences du Rendez-vous avicole de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC) que la médecin vétérinaire et candidate au doctorat, Marie-Lou Gaucher, a présenté ses résultats fort attendus par les éleveurs de volailles.

Relever le défi

« J’espère vous faire réaliser tout le défi que représente le fait d’élever des poulets sans antibiotiques », a-t-elle mentionné en début de présentation. Deux principaux enjeux attendent les éleveurs lors de leur passage au sans antibiotiques : l’entérite nécrotique aviaire et la coccidiose aviaire.

Essais d’élevages sans antibiotiques

Huit fermes ont participé au projet de recherche de produire à grande échelle des poulets mâles sans ajout d’antibiotiques et d’anticoccidiens à la ration. Pendant une année (sept lots), des poulets ont été élevés sous régie conventionnelle dans un poulailler, et dans un deuxième bâtiment sans antibiotiques. Ceux-ci ont été remplacés par des additifs alimentaires à base d’huiles essentielles, et les poussins, vaccinés au couvoir. Plusieurs paramètres ont été mesurés tout au long des élevages : mortalité, âge à l’abattage, poids, taux de condamnation, gain moyen quotidien, conversion alimentaire, coût de production, etc.

L’étude conclut que c’est possible de produire des poulets de chair sans antibiotiques. Par contre, pour certaines exploitations agricoles, l’exercice a été beaucoup moins rentable que pour d’autres. « Il faut apprendre à gérer la coccidiose et il reste du travail à faire pour mieux comprendre l’entérite nécrotique », indique Marie-Lou Gaucher.

Entérite nécrotique et coccidiose aviaire

L’entérite nécrotique, causée par la bactérie Clostridium perfringens, altère la capacité digestive de l’intestin et augmente le taux de mortalité. Les déjections des oiseaux infectés seront plus liquides; cela accroîtra le taux d’humidité des litières et détériorera les conditions de bien-être du groupe. Quant à la coccidiose, c’est la bactérie Eimeria qui en constitue l’agent causal. « On retrouve dans tous les environnements des coccidies. Sous l’effet de la température et de l’humidité, celles-ci se transforment sous des formes virulentes », précise Marie-Lou Gaucher. Cette bactérie va causer des lésions dans l’intestin; il en résulte une baisse du taux de conversion. « C’est aussi le principal facteur de risque pour l’entérite nécrotique », ajoute la vétérinaire. La vaccination constitue la mesure de contrôle alternative pour lutter contre la coccidiose aviaire. Au couvoir, on vaporise directement sur les poussins des oocystes vivants afin de développer de l’immunité chez les oiseaux.

S’ils sont utilisés depuis 1940 comme promoteurs de croissance, d’énormes pressions s’exercent actuellement pour retirer certains antibiotiques des élevages de volailles. La santé publique s’inquiète du développement d’antibiorésistance. Classés sous quatre catégories selon leur importance relativement à la santé publique en médecine humaine, ce sont les antibiotiques de catégories 1 et 2 qui attirent le plus l’attention. Au fil des ans, on a établi une corrélation entre l’utilisation de l’Excenel, un antibiotique de très haute importance chez l’humain, et la résistance d’isolats de Salmonella et de E.coli.