Élevage 23 janvier 2015

Étiquetage du pays d’origine : opération charme pour le Canada

Les 16 et 17 février, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) entendra l’appel des États-Unis, qui contestent, une fois de plus, le blâme de ce tribunal envers son étiquetage du pays d’origine.

En vertu de ce Country of Origin Labeling (COOL), l’étiquette de la viande de bœuf et de porc vendue au détail aux États-Unis doit indiquer le pays d’origine des animaux. Cette réglementation force les abattoirs américains à ségréguer le bétail étranger, ce qui tire le prix de ces animaux à la baisse. Le Canada et le Mexique contestent le COOL devant l’OMC depuis plusieurs années. Le 20 octobre, le tribunal leur a donné gain de cause pour une 3e fois. Ce jugement permet à Ottawa d’imposer des mesures de rétorsion contre des produits américains. Les États-Unis ont cependant contesté ce verdict. Le gouvernement américain présentera ses arguments les 16 et 17 février prochains, devant l’Organe d’appel de l’OMC, à Genève.

Ce conflit commercial entre les trois partenaires de l’Accord de libre-échange nord-américain a occasionné des dommages de plus de 2,5 G$ aux secteurs canadiens du porc et du bœuf, rapporte Peter Clark, un consultant spécialisé en commerce international. La Fédération des producteurs de bovins du Québec estime la facture à 100 $ par bouvillon.

De la grande visite

Les dirigeants de l’Association canadienne des éleveurs de bovins(Canadian Cattlemen’s Association ou CCA) ont traversé la frontière afin d’y cueillir les appuis de leurs confrères américains. Ils ont tout d’abord participé à une rencontre de la State Agriculture and Rural Leaders (SARL). À cette occasion, l’ambassadeur canadien aux États-Unis, Gary Doer, a déclaré que le Canada n’avait d’autre choix que d’appliquer des mesures de rétorsion sur plusieurs importations américaines puisque Washington refusait de se conformer au jugement de l’OMC. M. Doer a souligné que le premier ministre Harper appuyait cette démarche. « Il n’y a aucun doute dans mon esprit que le gouvernement fédéral a l’intention de mettre en place ces mesures », a confirmé en entrevue à la Terre le directeur des affaires gouvernementales à la CCA, John Masswhol.

La délégation canadienne, qui incluait des dirigeants du Conseil canadien du porc (CCP), s’est ensuite rendue au congrès de l’American Farm Bureau Federation (AFBF), où ils ont rencontré des représentants des organisations de différents États américains. « Nous nous sommes assurés que ces gens comprennent que le Canada envisage très sérieusement d’imposer des tarifs », a révélé M. Masswhol. L’AFBF soutient officiellement le COOL, mais à condition qu’il soit conforme aux règles de l’OMC. La crainte de représailles commerciales a poussé plusieurs dirigeants agricoles, traditionnellement neutres, à vouloir s’impliquer en faveur du Canada, a témoigné John Masswhol. Ce dernier ne s’attend pas à une décision de l’Organe d’appel avant la fin du printemps. Si le tribunal donne une fois de plus raison au Canada et au Mexique, ces pays pourront finalement mettre en place leurs mesures de rétorsion. Le président sortant du CCP, Jean-Guy Vincent, a bon espoir que le conflit soit résolu avant.