Élevage 29 août 2014

Le virus de la DEP détecté au Québec

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Ce que l’on craignait est arrivé. Le dangereux virus de la diarrhée épidémique porcine (DEP) a été détecté mercredi sur un quai de déchargement au Québec, à l’abattoir d’Olymel à Saint-Esprit.

Heureusement, aucun élevage de porcs n’a été contaminé jusqu’ici au Québec et au Canada. Introduit aux États-Unis en avril dernier en provenance de Chine, le virus, qui s’avère mortel pour les porcelets mais inoffensif pour l’humain, a été détecté dans 23 États américains.

De fait, c’est un véritable coup de chance si le DEP n’a pas encore atteint l’Ontario et le Québec plus tôt. Mentionnons que le commerce de porcs entre ces deux provinces et les États-Unis est fort développé et que tous les États limitrophes – New York, Pennsylvanie, Ohio et Michigan notamment – sont gravement touchés.

Le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Boissonneault, réagit avec circonspection, affirmant que le contrôle du transport doit être accentué. « C’est le gros point », dit-il, notant que le virus n’a pas d’incidence sur la qualité de la viande pour les consommateurs. D’ailleurs, le test environnemental positif ne signifie pas pour autant que le virus est actif et qu’il représente un risque véritable de transmission de la maladie. Les Éleveurs de porcs ont été prévenus hier, mercredi, du test positif.

David Boissonneault invite ses membres à exiger plus que jamais des transporteurs que les remorques soient lavées, désinfectées et séchées. Devant cette menace, estime-t-il, Ottawa aurait dû imposer ce moyen de prévention.

« Pour nous, illustre-t-il, c’est comme si tu faisais entrer un terroriste au pays avec une bombe. »

Si le virus devait effectivement s’introduire dans un élevage au Canada, le président des Éleveurs de porcs recommande à ses membres de ne pas jeter l’éponge, convaincu « qu’on va réussir à le contrôler ». Il note aussi la bonne collaboration de tous les maillons de l’industrie, jugeant que les tests de dépistage préventifs démontrent la rigueur et la transparence de celle-ci. Au moment où une embellie s’annonçait enfin pour ses membres après plusieurs années difficiles, la menace de ce virus représente « un autre stress que les producteurs auront à gérer ».

« Notre objectif, c’est de gagner du temps parce que le virus va traverser la frontière tôt ou tard », admettait pour sa part le chef de l’équipe technique santé de l’Équipe québécoise de santé porcine, François Cardinal. Cette équipe de vétérinaires style SWAT (Special Weapons and Tactics) est sur les dents depuis quelques mois afin d’amener l’industrie porcine à relever la garde. Mercredi soir, François Cardinal rencontrait des éleveurs de porcs à Sherbrooke pour les inciter à nouveau à redoubler de prudence.

« Ce sont les camions-remorques qui reviennent des États-Unis qui nous inquiètent, » a-t-il répété. Il a rappelé que 11,4 % des remorques exemptes de virus à leur arrivée à un quai de déchargement d’un abattoir américain en repartaient contaminées. Il a aussi affirmé que l’Ontario effectuait des prélèvements sur les remorques afin de détecter le virus. La province, qui entretient un commerce lucratif avec les Américains, refuse toujours de dévoiler les résultats d’analyse, ce qui alimente davantage les soupçons.

Chez Olymel, où le test a été réalisé, le porte-parole, Richard Vigneault, indique que les mesures de sécurité, nettoyage et désinfection ont été resserrées.