Élevage 29 août 2014

Levinoff-Colbex : le rapport de la controverse

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Le très attendu rapport commandé par le gouvernement Marois sur la vente au montant « faramineux » de 62,5 M$ de l’abattoir Levinoff-Colbex, qui devait être rendu public cette semaine, semble s’être perdu entre Montréal et Québec.

C’est la conclusion à laquelle la Terre en est venue, vendredi, après avoir tenté de comprendre pourquoi le rapport d’enquête sur la transaction impliquant les frères Cola demeurait hors de portée des médias et des principaux acteurs intéressés à en prendre connaissance.

À deux reprises, cette semaine, le gouvernement a laissé entendre que le rapport d’enquête serait rendu disponible sur son site Internet. À deux reprises également, le gouvernement s’est ravisé sans fournir de véritables explications.

Mais pourquoi le gouvernement tarde-t-il tant à en révéler la teneur, quand on sait qu’une fuite médiatique, en début de semaine, a permis d’apprendre que l’aventure Levinoff-Colbex a fait ressortir de sérieuses lacunes dans la reddition des comptes? Et que les frères Cola, qui ont vendu à la Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ), se seraient versé un salaire de 10 M$ sur 5 ans ainsi que des bonis, et auraient utilisé plus de 2,7 M$ en budget de promotion, sans fournir de pièces justificatives.

Du côté de KPMG, le porte-parole Pierre Leclerc dit « présumer » que le document se trouve entre les mains du gouvernement, étant donné que « les médias l’ont repris ».

Au bureau du ministre de l’Agriculture, François Gendron, l’attaché de presse Maxime Couture a toutefois avancé que « KPMG aurait demandé un délai concernant un enjeu de protection des renseignements nominatifs ».

Des renseignements nominatifs?

Se pourrait-il que les frères Cola (Louis, Jack et Philip), qui ont vendu l’abattoir à fort prix, en 2005, aient demandé à leurs avocats de « consulter » le document pour en analyser le contenu plus en profondeur.

Rappelons que c’est à la demande du gouvernement Marois qu’une enquête administrative a été lancée, en février 2013, pour faire la lumière sur la transaction impliquant les frères Cola et la FPBQ.

À la Fédération, le directeur général, Jean-Philippe Deschênes-Gilbert, aurait souhaité avoir en mains une copie du rapport pour voir le portrait d’ensemble.

« Mais tant qu’on n’a pas le rapport, on ne peut rien dire, a-t-il déploré. Nous n’avons aucune idée à quoi nous s’attendre, et c’est bien plate. On est dans l’attente, comme tout le monde. »

Il a le sentiment d’avoir « pleinement collaboré à ce rapport-là ».

« Tous nos livres étaient ouverts, résume-t-il. Ils [KPMG] ont rencontré notre personnel; ils ont eu accès aux procès-verbaux, aux courriels. »