Élevage 29 août 2014

La prévention passe par la communication

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L’éclosion au Québec de la diarrhée épidémique porcine (DÉP) donne lieu à une mobilisation sans précédent de toute la filière.

Le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Boissonneault, salue la collaboration de tous, des transporteurs aux abattoirs en passant par les éleveurs, dans la mise en place des mesures de biosécurité.

D’ailleurs, les tests environnementaux, qui ont permis de détecter la présence du virus au Québec, ont été réalisés sur une base totalement volontaire, fait-il remarquer.

Les éleveurs et toute la filière ne doivent pas baisser la garde. « C’est important que tout le monde se tienne au courant, prenne acte des mises en garde et rehausse la biosécurité. La force du plan d’action repose sur la collaboration avec l’Équipe québécoise de santé porcine [EQSP] », insiste M. Boissonneault. Il invite ainsi les producteurs à consulter le site Internet de son organisation. Ils y trouveront les derniers avis de l’EQSP. Ils peuvent de plus s’abonner au bulletin électronique Flash, qui dresse un état de la situation.

Prévention

Le lavage, la désinfection et le séchage rigoureux des camions figurent au premier plan des mesures de prévention. « En mars 2014, on ne peut pas laver, désinfecter et sécher tous les camions. Nous manquons d’effectifs », nuance cependant le président des Éleveurs de porcs du Québec. Une fois les camions désinfectés, les transporteurs devraient prioriser les élevages naisseurs dans leur circuit de livraison, suggère M. Boissonneault. Il demande du même coup aux producteurs de dresser la liste de tous les intervenants qui visitent leurs fermes et de communiquer avec leurs fournisseurs de transport et d’alimentation pour savoir quelles mesures ont été mises en place pour prévenir la propagation du virus. En cours d’année, près d’une vingtaine d’intervenants, notamment des employés, des vétérinaires, des négociants, des fournisseurs de service et d’intrants (transport, vaccination, pesée, lavage, extermination, animaux, moulée, semence, litière, gaz) peuvent avoir accès aux sites de production.

Principe de précaution

Pour l’instant, l’enquête épidémiologique continue de suivre la piste de la contamination par l’alimentation. Les résultats des tests réalisés en Ontario sur des aliments et du plasma sanguin suggèrent un rôle possible dans la transmission du virus. « Si cette hypothèse de transmission se confirme, elle pourrait expliquer en partie la propagation rapide de la maladie en Ontario et même à d’autres provinces », indique l’EQSP dans son plus récent avis. Après consultation auprès de ses comités vétérinaire et nutrition, par principe de précaution, l’EQSP recommande aux fabricants québécois d’aliments pour animaux de ne plus utiliser d’ingrédients protéiques de source porcine dans les aliments destinés aux porcs.

Optimiste

Malgré la découverte de la DÉP au Québec, le président des Éleveurs de porcs du Québec a bon espoir que la province évitera une crise de l’ampleur de celle qui frappe les États-Unis. À la fin du mois de février, le pays voisin recensait plus de 3 300 soumissions de laboratoire positives à la maladie. Cette dernière, qui s’est propagée en l’espace de trois mois seulement dans la majorité des États producteurs de porcs, continue de gagner du terrain, notent les Éleveurs de porcs du Québec.

« L’Ontario est en mesure de contenir le virus. Je pense qu’on va en être capables aussi. Aux États-Unis, ils ont nié les risques de l’alimentation. Nous mettons tous les efforts pour identifier tous les risques. Il faut s’assurer d’aller chercher l’information. C’est le nerf de la guerre pour le déploiement des mesures de prévention », termine le président, qui rappelle que le virus ne pose aucun risque pour la santé humaine, les autres espèces animales et la salubrité de la viande de porc. Pour les éleveurs de porcs du Québec, une épidémie de 365 jours se traduirait par une facture pouvant aller de 14 M$ à près de 50 M$, selon la vitesse de propagation de la maladie, estime une récente étude du Centre de développement du porc du Québec.

À la dernière conférence Outlook du département américain de l’Agriculture (USDA), son économiste en chef, Joseph Glauber, a prédit que la propagation de la DÉP « limitera nettement » l’offre de porc sur les marchés par rapport aux prévisions précédentes des États-Unis.