Élevage 29 août 2014

Coup de cochon de Poutine

b35ff55ec362b5068bd1f0f5b7cb7e65

Des nuages en provenance de Russie viennent d’obscurcir l’embellie dont profitait la filière porcine depuis quelques mois.

Le président russe, Vladimir Poutine, vient d’interdire les importations agricoles de plusieurs pays occidentaux, dont les exportations de porc du Canada, un marché de 563 M$ l’an dernier.

Les producteurs et transformateurs de porcs du Québec sont évidemment touchés directement par ces sanctions découlant de l’escalade des représailles autour des menaces d’invasion russe en Ukraine. Depuis le début de l’année, les entreprises québécoises Les Aliments Asta, Lucyporc inc. et Olymel ont exporté du porc vers la Russie pour plus de 143 M$.

Rappelons que les abattoirs de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, de Yamachiche en Mauricie et de Vallée-Jonction en Beauce avaient réussi à obtenir la certification russe exigeant l’absence de rectopamine.

« C’est effectivement une très mauvaise nouvelle », convient le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Boissonneault. Celui-ci estime qu’il est trop tôt pour mesurer les impacts de cette interdiction sur les prix payés aux producteurs. Le prix de référence, rappelle-t-il, est basé sur le prix américain.

« Cela va dépendre où cette viande [destinée à la Russie] va pouvoir être écoulée, a-t-il déclaré. La demande nord-américaine est très bonne et il s’agit sûrement d’un endroit approprié. »

Chez les transformateurs, il est également impossible de préciser les conséquences de l’interdit russe qui a suivi de nouvelles sanctions imposées par le premier ministre canadien, Stephen Harper, en début de semaine.

Olymel, propriétaire de l’abattoir de Vallée-Jonction, caressait le projet de certifier une seconde usine, soit celle de Princeville. Quant à Lucyporc, un projet d’agrandissement et de mise à niveau est prévu à l’abattoir de Yamachiche.

Canada Porc International, à Ottawa, une organisation qui réunit les exportateurs de porcs canadiens, avouait pour sa part sa perplexité devant l’interdiction russe. Son président, Jacques Pomerleau, jugeait hier que les Russes allaient se pénaliser eux-mêmes en imposant cette sanction au Canada.

« Le Canada, a-t-il affirmé à la Terre, est le principal fournisseur de la Russie. S’ils bloquent notre porc, cela peut avoir un impact sur leur industrie. »