Actualités 29 août 2014

Non-alimentaire mon cher Watson!

84fc9b5ef6409a8dafa49cf500310000

La ruée sur les terres agricoles ne sert pas d’abord la production alimentaire.

L’accaparement de terres à grande échelle dans les pays en développement cause plus de tort qu’il ne rapporte de bénéfices aux pauvres des zones rurales, en les privant de leurs moyens de subsistance. La plus grande étude réalisée à ce jour sur ce phénomène, publiée le 14 décembre dernier, révèle en effet que la production alimentaire n’est pas le principal objectif de ces transactions foncières.

En effet, les auteurs de l’étude révèlent que des 71 millions d’hectares de transactions foncières qui ont fait l’objet de vérifications croisées, 78 % sont dédiés à la production agricole et que les trois quarts de ceux-ci vont aux biocarburants. Le reste (22 %) est allé aux mines, au tourisme, à l’industrie manufacturière et à la sylviculture.

L’étude souligne que la ruée sur les terres a touché plus de 200 millions d’hectares pour la période 2000-2010, soit huit fois la taille du Royaume-Uni. L’Afrique demeure la cible privilégiée avec 134 millions d’hectares, suivie par l’Asie. Le rapport a été réalisé par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), par la Coalition internationale pour l’accès à la terre et par l’Institut international pour l’environnement et le développement.

« Nos conclusions confirment pour la plupart l’idée que le terme “accaparement des terres” est largement justifié », a déclaré Michael Taylor, de la Coalition internationale pour l’accès à la terre, et corédacteur du rapport. Les investisseurs étrangers ne sont pas les seuls en cause dans cette spoliation des ruraux. Les élites nationales jouent un rôle beaucoup plus important que celui qui leur a été attribué jusqu’à maintenant dans ces transactions réalisées dans un contexte de gouvernance déficiente, de corruption et de manque de transparence. « Les gouvernements sont propriétaires des terres et il leur est facile de louer de grandes superficies aux investisseurs, mais les bénéfices pour les communautés locales ou pour les trésors publics sont souvent minimes », indique le rapport.

Le fait que de nombreux responsables politiques considèrent que la petite exploitation agricole n’a aucun avenir et ne jurent que par l’agriculture intensive à grande échelle contribue à accentuer la ruée sur les terres.