Actualités 28 août 2014

La rose biologique, fierté de l’Équateur

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Dans une campagne isolée de l’Équateur, un important producteur de roses a dit non aux pesticides.

LATAGUNGA, Équateur — Loin de tout et avec bien peu de moyens, cette entreprise arrive à produire des fleurs biologiques aux pétales tout aussi parfaits que ses concurrents.

Il faut une bonne heure et demie pour se rendre à la ferme biologique de Nevado Roses à partir de Quito, capitale de l’Équateur. Le 4X4 noir qui nous y emmène roule dans une campagne luxuriante. Il passe devant une plantation de brocoli, puis, devant une ferme laitière particulièrement rustique. La route est bordée de plantes d’aloe vera. Ici et là, une vache broute paisiblement à quelques centimètres à peine du bitume. Au loin, l’ombre du Cotopaxi, plus haut volcan actif du pays.

Depuis quelques années maintenant, Nevado Roses produit trois variétés de roses certifiées biologiques dans une installation de la province de Cotopaxi. L’entreprise est l’une des deux seules du pays à détenir une telle certification. Les serres de l’Équateur, un des plus gros producteurs de roses au monde, sont plutôt reconnues pour leur utilisation abusive de pesticides et pour les problèmes de santé que de telles pratiques engendrent. Nevado Roses nage à contre-courant.

« Il y a une demande grandissante pour les produits organiques. Surtout en Europe », explique John Nevado, président de l’entreprise familiale. « Les gens sont de plus en plus conscientisés. Ils veulent des fleurs propres. » L’homme de 39 ans au teint halé marche lentement entre les rangées successives de roses blanches cordées sous les toiles de la serre, un poncho rouge nonchalamment jeté sur sa chemise blanche. Soudain, il pointe vers le sol. « Regardez cette plante. C’est de la camomille. À elle seule, elle arrive à repousser plusieurs espèces d’insectes », dit-il.

Sur sa ferme biologique d’une centaine d’employés, on n’utilise que des produits naturels pour chasser les espèces nuisibles. Par exemple, les employés de John Névado aspergent les plants avec un mélange d’eau, de poudre de piment et d’ail. « Bien des insectes n’aiment pas l’odeur que ça dégage, alors ils n’approchent pas les fleurs », explique l’homme d’affaires suédois, dont la famille cultive des roses en Équateur depuis maintenant plus de 15 ans.

Pour combattre les prédateurs les plus tenaces, Nevado Roses achète quelques sujets d’une araignée carnivore et cannibale qui dévore les insectes nuisibles avant de manger ses congénères. « À la fin, il n’en reste qu’une », explique le président.

Une fois les bestioles éliminées, il faut s’attaquer aux nombreux champignons qui assaillent eux aussi les précieuses fleurs. Dans un petit bâtiment en béton, quelque peu en retrait des serres, une jeune ingénieure en agriculture cultive des fongus qui, une fois en terre, étoufferont les indésirables. La petite femme aux cheveux d’un noir de jais, le visage dissimulé derrière un masque bleu, montre comment la bactérie se développe dans un simple sac de riz.

« Tout ça, c’est beaucoup de travail, mais ça vaut la peine », croit le président. En plus d’affronter de nombreux défis techniques, il doit initier ses employés, qui comptent pour la plupart un bagage académique limité, à la culture biologique. Mais grâce au puissant soleil de l’Équateur et à l’altitude de la ferme, près de 3000 mètres, l’entreprise arrive à produire des roses aussi parfaites, et à peine plus petites que le font les serres non biologiques.

« Les plants mettent un peu plus de temps à atteindre leur maturité parce qu’on ne leur fournit presque pas d’aide extérieure », précise toutefois M. Nevado. Les seuls engrais que reçoivent ses dizaines de milliers de roses sont du compost, tiré en partie de la décomposition des branches de rosiers taillées, et une mixture de feuilles de nénuphars, cultivés sur place et reconnus pour leur capacité à emmagasiner de l’azote. Simple, mais efficace.

Ce reportage a été réalisé à l’aide de la Bourse Nord-Sud.