Actualités 28 août 2014

Quand la cuisine supplante le jardinage

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La cuisine est si populaire que le phénomène entraîne des changements dans le monde horticole.

Les jardineries comme Botanix Faucher à Laprairie vendent davantage de fines herbes, de légumes et de petits fruits. « Les gens partent avec de grands bacs de carottes, de persil ou de betteraves », rapporte le propriétaire, Stéphane Grenier.

M. Grenier vend moins de rosiers mais davantage de vivaces. « Les jardins d’eau sont définitivement en déclin. La génération X, Y ou Z ne veut rien savoir des bassins d’eau avec des poissons. Elle n’a pas le temps de s’en occuper. »

Producteur de fines herbes

Même son de cloche chez Denis Wilson, l’un des copropriétaires des Serres Wilson et Fils, à Saint-Rémi de Napierville, et producteur de fines herbes. « La nouvelle génération ne cultive plus de plates-bandes. Les caissettes de fleurs sont en baisse. Les gens veulent des arrangements tout fait d’avance. On vend des plants de tomates cerises et de fines herbes en pots. »

Afin de répondre à la demande, les Wilson doivent produire une plus grande quantité de basilic, romarin, ciboulette, persil et sarriette. « Nos ventes de fines herbes ont augmenté d’au moins 5 % au cours des quatre dernières années », indique-t-il.

La cuisine prend le dessus

Une paysagiste de Saint-Marcel-de-Richelieu, Marie-Andrée Fortier, estime que les gens veulent profiter de leur cour arrière en y prolongeant un coin cuisine avec BBQ, réfrigérateur, lavabo.

« Les goûts se raffinent. On continue de planter des annuelles, mais en moins grand nombre. La tendance est au potager ornemental », allègue-t-elle.

Sa collègue, Véronique Pepin, présidente de l’Association des paysagistes professionnels du Québec, a son opinion sur l’omniprésence de la cuisine: « L’industrie de la cuisine a pris le dessus sur l’horticulture, mais nous, on veut reprendre notre place », dit-elle en toute franchise.

Mme Pepin fait partie de la Fédération interdisciplinaire de l’horticulture ornementale du Québec (FIHOQ), qui représente 37 000 travailleurs issus de dix associations dont des pépiniéristes, des producteurs de gazon, le syndicat des producteurs en serre, des arboriculteurs, etc.

Offensive publicitaire

Mardi dernier, la FIHOQ lançait d’ailleurs sa campagne publicitaire « Mettez du jardin dans votre vie » afin d’inciter les gens au jardinage. Une campagne financée en partie par le ministère de l’Agriculture du Québec et par les membres eux-mêmes.

« Il y a 15 ans, le jardinage était le hobby par excellence. Il y a un vent de changement. Nous devons rajeunir notre clientèle et nous espérons rejoindre les 35 à 55 ans », explique Nathalie Deschênes, coordonnatrice de l’organisme, ajoutant que traditionnellement, les baby-boomers étaient de fidèles clients. Plusieurs d’entre eux sont en train de troquer leur maison de banlieue pour un condo.

Mme Deschênes estime que l’industrie horticole doit refaire son image. « Autrefois, le jardinage était vu comme une corvée. Les jeunes n’ont pas beaucoup de temps. Ils peuvent maintenant acheter les Smart Pot, des sacs de jardinage qui facilitent la culture de légumes en milieu urbain. »

Une émission comme le Fermier Urbain de Ricardo est-elle en train d’accentuer la popularité des potagers? Mme Deschênes ne se fait pas d’illusions. « À peine 10 % des citadins s’adonnent à la culture urbaine », mentionne-t-elle.