Actualités 9 octobre 2014

Le Brillion, un as du semis direct dans les prairies

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Des éleveurs et producteurs de foin s’intéressent au semis direct. Cette technique permet de renouveler les prairies, en économisant temps et carburant. Voici un petit semoir fait spécialement pour cette application : le Brillion..

Richard Matte est une figure connue chez les producteurs de foin de commerce. Sur sa ferme de Neuville, près de Québec, il cultive ses prairies avec un soin particulier. Après tout, certains chevaux de compétition comptent sur lui pour manger un foin de qualité! En 2010, cet agriculteur a décidé de tenter l’expérience du semis direct. « Mon épouse et moi voulions diminuer la facture de carburant, mais surtout, les heures consacrées au labour et à la préparation printanière du terrain. J’ai évalué le travail d’un semoir à semis direct Great Plains pendant deux saisons. J’étais satisfait des résultats, mais la mauvaise herbe avait tendance à s’implanter entre les rangs. C’est alors que j’ai opté pour le Brillion, qui sème non pas en rangs, mais sous forme de tapis. »

MM_Brillion_texte1Petit, mais précis!
Plusieurs manufacturiers se livrent à une course visant à fabriquer les équipements les plus larges. Vraisemblablement, ce n’est pas le cas chez Brillion. Leur semoir détonne par sa petitesse et n’offre qu’une seule largeur d’application : 1,83 m (6 pi)! « Sa largeur ne présente pas un désavantage pour moi, au contraire. Car ici, le terrain est en pente inégale, et ce semoir plus étroit épouse davantage le relief du terrain. Nous semons seulement à ½ po de profondeur; il faut être précis, » assure M. Matte. Le Brillion mélange la semence à la terre de façon uniforme sur toute la largeur d’application. Cette méthode laisserait moins d’espace aux mauvaises herbes, diminuant la compétition.

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Trois rouleaux en action
Le semoir est offert avec une ou deux boîtes à semences. Le modèle de M. Matte en comprend une pour les semences de petit diamètre comme le mil ou la luzerne et une deuxième pour les grains plus gros, comme le dactyle ou le fétuque. La semence tombe à l’avant du semoir, devant un premier rouleau qui défragmente légèrement le sol. Ensuite, un deuxième rouleau, présentant une vitesse de rotation environ 2,5 fois plus élevée que le premier, arrache le chaume et les mauvaises herbes tout en mélangeant la semence à la terre ameublie.

La pression au sol de ce deuxième rouleau se gère par un système pneumatique. Le producteur ajoute de l’air lorsqu’il œuvre dans une terre lourde ou qu’il veut accroître la profondeur du lit de semence. À l’inverse, il dévisse la valve de pression d’air s’il travaille dans un sol léger ou à faible profondeur. Finalement, un dernier rouleau constitué de roues en fonte raffermit la surface, et assure une bonne zone de contact entre le sol et la semence.

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Une mécanique simple
Le Brillion pourrait pratiquement s’employer avec des chevaux. De fait, son poids de 1 000 kg est assez léger, mais aussi, il ne présente pas de prise de force ni de boyau hydraulique. À vrai dire, il fonctionne par un mécanisme d’auto-entraînement. « Lorsque le tracteur avance, le premier rouleau tourne sur le sol et actionne du coup le système d’alimentation en grains ainsi que la rotation du deuxième rouleau », explique Jean-Rock April, gérant de territoire pour Dispro. Un tracteur de 45 à 60 chevaux suffit à actionner le semoir.


MM_Brillion_5De premiers résultats mitigés
Selon les données de la compagnie, cet équipement de semis évolue optimalement entre 6,5 et 13 km/h. À vitesse maximale, il couvrirait une superficie de 2,3 hectare à l’heure. Richard Matte opte toutefois pour la vitesse minimale : « J’envisage de me bricoler un marqueur, mais pour l’instant, le semoir n’en possède pas. Or, si la vitesse se révèle trop élevée, le conducteur laissera des bandes non semées ou ‟croisera” trop ses passages. » Ce dernier sème à 6 km/h, pour un rythme d’environ 1,5 hectare à l’heure.

Le producteur de Neuville a mis son Brillion à l’essai une première fois en mai 2012, et une autre fois en août, sur des parcelles de prairie préalablement brûlées au glyphosate. « Mes premiers tests se sont révélés assez décevants quant à la levée. Dans les légumineuses, pas de problème; ça germe facilement. Mais les graminées, c’est plus capricieux, et la levée ne fut pas un succès. C’est vrai que les conditions n’étaient pas idéales.

Pour 2013, j’augmenterai quelque peu mon taux de semis et je sèmerai sur le travers du champ afin d’obtenir un meilleur contact avec le sol. Après ça, je pourrai vous donner une meilleure évaluation », promet-il. La technique demande à être peaufinée, mais Richard Matte entend réussir à utiliser le semis direct pour la culture de plantes fourragères. Des économies en découleraient, sans oublier que l’opération d’épierrer les champs serait pratiquement chose du passé!