Actualités 9 octobre 2014

Un nouveau produit contre la tache amère de la pomme

pommes_debut2

Les pomiculteurs connaissent l’ampleur des pertes que peut causer la tache amère de la pomme dans le produit frais chez certaines variétés. Heureusement, pour contrer cette maladie due à une carence en calcium, la gamme de solutions s’élargit, avec la venue du Póma, un fertilisant calcique foliaire sans nitrate ni chlorure mis au point par la firme québécoise Agro-100.

La maladie de la tache amère se caractérise par la présence de nombreuses taches circulaires brunâtres sur la peau de la pomme, taches qui tendent à s’enfoncer dans la chair en lui conférant un aspect spongieux et un goût amer (voir l’encadré Amère maladie).

« Pour prévenir cette maladie due à un manque de calcium dans la pomme, nous voulions mettre au point un fertilisant foliaire calcique qui se démarque de ceux des concurrents contenant majoritairement soit du chlorure, soit du nitrate de calcium », explique Stéphane Beaucage, président-directeur général de la compagnie Agro-100. Cette entreprise de Saint-Thomas de Joliette se spécialise dans la recherche, la fabrication et la mise en marché d’intrants agricoles qui valorisent l’emploi des matières résiduelles fertilisantes.

« La formulation du Póma ne contient ni chlorure, ni nitrate et ne présente donc pas les désavantages de ces éléments, souligne M. Beaucage. En effet, le chlorure est corrosif et, tout comme le nitrate, il laisse sur les feuilles et les pommes des taches peu intéressantes pour les pomiculteurs offrant l’autocueillette. De plus, l’azote du nitrate de calcium pourrait ralentir l’aoûtement en fin de saison. »
pommes_beaucage« Notre produit optimise l’assimilation du calcium par le fruit en favorisant à la fois l’étalement des gouttelettes, l’humectation en freinant l’évaporation, l’adhérence en évitant le lessivage par la pluie, et la pénétration des éléments minéraux à travers les parois de la feuille », décrit le chercheur.Tâche ardue contre tache amère
Il y a sept ans, l’équipe de recherche et développement d’Agro-100 dirigée par le Dr Régis Baziramakenga s’est donné le défi de lancer un produit démontrant une excellente capacité de pénétration dans le fruit. Pour cela, il fallait mettre au point l’adjuvant idéal. « À partir d’une trentaine de produits au départ, nous en avons sélectionné cinq pour aboutir à un produit détenant la facilité de pénétration recherchée et une bonne homogénéité de mélange avec le calcium », relate le Dr Baziramakenga, rejoint au laboratoire d’Agro-100. Ce local a l’avantage d’être logé dans le Pavillon de l’Envirotron, à l’Université Laval à Québec, à proximité des serres de l’établissement.

« Le Póma a nécessité des essais en laboratoire, puis en serre et sur des parcelles – d’abord de petite taille puis en vergers –, où il a révélé un excellent potentiel, ajoute M. Beaucage. Sur le plan de la fermeté de la pomme, selon le test au poinçon livre-force et de la présence des taches amères sur la peau des fruits, le Póma s’est avantageusement comparé aux produits concurrents à base de nitrate ou de chlorure de calcium. » Dans les essais d’Agro-100 réalisés de 2011 à 2013 sur les cultivars ‘Gala’ et ‘Honeycrisp’, le Póma s’est montré supérieur dans la grande majorité des cas.

Essais grandeur nature
David Guertin est l’un des pomiculteurs chez qui a été testé le Póma. C’est ainsi que pendant trois ans, le Verger R.C. Guertin 2011 inc., situé à Saint-Paul-d’Abbotsford, a été l’hôte de ces essais, sur un tiers d’hectare. « Nous avons appliqué le Póma comme les produits concurrents avec notre pulvérisateur, en mélange ou non avec les pesticides à appliquer. Ce produit a fait preuve d’une bonne efficacité pendant les trois années d’essais; je l’ai trouvé aussi bon que ceux de la concurrence », note David Guertin, dont le verger s’étend sur le flanc ouest du mont Yamaska.

Amère maladie
Les symptômes de la tache amère apparaissent au verger et continuent de se développer dans l’entrepôt. L’enfoncement des taches et le manque de fermeté observé sur les pommes résulte d’une carence en calcium. « Cette carence est due à un manque d’eau lors d’une période de temps chaud et sec : comme le calcium constitue un élément naturellement peu mobile, lorsque la plante manque d’eau, il est d’autant moins transporté vers les parties hautes de la plante comme les fruits, explique le Dr Baziramakenga. Or, le calcium joue un rôle important dans la fermeté du fruit, car il se lie aux pectines présentes dans les parois des cellules, parois qui en assurent un peu la charpente. »

Certaines variétés de pommes sont plus sujettes à ce problème. Serge Mantha en sait quelque chose. Il est conseiller en pomiculture depuis 1987 et consultant pour le Club de protection pomicole de la région de Québec (CPPRQ). « Introduite chez nous en 1995, la pomme ‘Honeycrisp’ s’est vite montrée prometteuse, notamment par sa tolérance à la tavelure, explique M. Mantha. Mais elle fait partie des variétés sensibles à la tache amère. Il y a deux ans, lors de canicules, on a observé beaucoup de taches amères un peu partout au Québec. Les vergers irrigués s’en sont mieux sortis. »

« Si on ne traite pas, on peut avoir jusqu’à 50 % de pertes dans les fruits frais, qu’on doit alors envoyer à la transformation, avec des pertes de revenus considérables quand on considère entre autres la conservation en atmosphère contrôlée, constate le pomiculteur David Guertin. Mais quand on applique un fertilisant foliaire, ce pourcentage baisse à environ 5 %. »