Actualités 28 août 2014

L’éthanol au banc des accusés

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Inquiet de l’état des stocks de maïs et des prix faramineux de la denrée, le Conseil canadien du porc (CCP) pointe du doigt l’utilisation de céréales pour la production d’éthanol.

Les récoltes anémiques de maïs, jumelées aux maigres stocks de l’an passé laissent présager le pire. Depuis maintenant plusieurs semaines, le prix de la denrée s’est littéralement envolé. Le CCP, qui représente l’ensemble des producteurs de porcs du Canada, souhaite agir vite avant que la situation ne dégénère. « Les céréales sont de loin le principal coût des élevages de porcs et les réalités du marché sont telles que les éleveurs ne peuvent simplement pelleter les coûts accrus dans la cour des acheteurs, affirme le président du Conseil, Jean-Guy Vincent.

Son organisation cible tout particulièrement les politiques d’utilisation de céréales pour la production d’éthanol. Aux États-Unis, environ 40 % de la récolte de maïs se destine à la fabrication de carburant pour les véhicules motorisés. Avec sa politique qui exige qu’un minimum de 5 % d’éthanol soit ajouté à l’essence, le Canada est aussi pointé du doigt. Une étude menée par le Georges Morris Center révèle d’ailleurs que la réglementation canadienne a fait bondir le prix des grains dans l’Est du pays de 15 à 20 $/tonne. Dans l’Ouest, l’impact varie entre 5 et 10 $/tonne. D’un océan à l’autre, la facture refilée aux éleveurs gonfle à 130 M$. Le Georges Morris Center dénonce également le support de l’État de 250 M$/année dont bénéficie l’industrie de l’éthanol. En réponse à la crise, le Conseil canadien du porc invite donc le gouvernement à assouplir temporairement les cibles en matière de production de biocarburant.

Les producteurs de grains défendent l’éthanol

« Au niveau canadien, la production de grains va être au rendez-vous », fait valoir Christian Overbeek, président de la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec (FPCCQ), en souhaitant le maintien de l’exigence d’une teneur minimale de biocarburants dans l’essence vendue au Canada.

Le président ajoute que le fait pour le Canada de cesser temporairement sa production d’éthanol aurait de toute façon un impact « infime » sur le prix mondial. Le dirigeant de la FPCCQ ajoute que même si les États-Unis décidaient de diminuer le mandat obligatoire d’utilisation d’éthanol, l’impact sur le marché ne serait pas aussi grand que certains pensent. M. Overbeek fait valoir que la drêche de distillerie, qui représente un tiers du volume de maïs transformé en éthanol, devrait être remplacée par du grain par les éleveurs qui l’utilisent en ce moment.

« L’éthanol est un gain pour tout le monde au Canada. Les producteurs canadiens font des gains en productivité qui rendent possibles de nouvelles utilisations de nos récoltes, telles que les énergies renouvelables qui bénéficient à notre pays par le biais de la réduction des émissions et une baisse des importations de pétrole », indique le président de Grain Farmers of Ontario, M. Barry Senft, qui joint sa voix à celle des représentants des producteurs de grains du Québec et du Manitoba.