Actualités 6 octobre 2014

La transmission de l’avenir sera-t-elle québécoise?

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Un projet né dans le Grand Nord québécois pourrait bien se retrouver dans les tracteurs du monde entier.

CVT Corp., une entreprise de Sainte-Julie, en Montérégie, a mis au point une transmission toroïdale à variation continue qui permettrait d’importantes économies de carburant tout en étant peu chère à l’achat. Les principaux manufacturiers de tracteurs s’y intéresseraient grandement, et des annonces seraient imminentes…

Qu’est-ce qu’une transmission toroïdale?

Par son nom, le mécanisme paraît complexe mais, en vérité, la transmission toroïdale est très simple. Un moteur alimente l’arbre de transmission sur lequel sont fixés deux disques verticaux. Ces derniers actionnent deux disques horizontaux qui commandent à leur tour une roue d’engrenage située au centre. Cette roue d’engrenage transmet finalement la puissance aux roues.

Vous vous demandez sans doute comment la roue d’engrenage peut augmenter ou diminuer de vitesse. En fait, ce sont les deux disques horizontaux qui, en s’inclinant vers le bas ou le haut, font varier la vitesse de la roue d’engrenage. Il s’agit donc d’une transmission à variation continue, c’est-à-dire où l’opérateur peut avancer au rythme de son choix sans changer de vitesse (comme une motoneige).

Fait étonnant, l’invention de la transmission toroïdale à variation continue ne date pas d’hier. « Plusieurs manufacturiers ont tenté de l’utiliser, raconte Daniel Girard, président de CVT Corp. Mais à l’époque, les aciers n’étaient pas assez résistants, et les huiles ne possédaient pas les propriétés souhaitées. De plus, les outils de coupe n’étaient pas suffisamment précis. Mais aujourd’hui, la technologie a atteint un niveau supérieur qui nous permet de produire une transmission efficace, à un coût commercialisable. »

La différence entre une CVT toroïdale et les autres

Les manufacturiers John Deere, Case, New Holland, Fendt et Massey Ferguson proposent déjà des tracteurs équipés d’une transmission à variation continue (CVT) ou à l’infini (IVT). Daniel Girard explique la différence entre ces transmissions et la CVT toroïdale qu’il a contribué à mettre au point.

« Les CVT que nous trouvons actuellement sur le marché comprennent une portion mécanique et une portion hydrostatique alimentée par une ou des pompes hydrauliques. De notre côté, il n’y a pas de pompe hydraulique. Notre CVT toroïdale s’avère purement mécanique, entraînant des économies de carburant à un coût moindre. » Le prix de la CVT sera semblable à celui d’une transmission à embrayage assisté, mieux connue sous le nom de transmission « powershift ».

20 000 unités en vue

CVT Corp. a travaillé ces dernières années avec Case, New Holland, AGCO et John Deere pour doter leurs équipements de la transmission toroïdale à variation continue. « On leur a démontré que la transmission était efficace, qu’elle rendait les tracteurs plus productifs », assure M. Girard.

Des ententes seront bientôt dévoilées, et l’entreprise de Sainte-Julie vise à court terme un volume de 20 000 transmissions produites. « Nous avons la technologie, mais pas la compétence manufacturière. Pour cette raison, les transmissions seront produites en partenariat avec des compagnies spécialisées », précise-t-il.

Fait intéressant, le dispositif mis au point par CVT Corp. aurait des applications autres que la simple transmission de la puissance aux roues. « Nous en sommes aux validations finales sur une moissonneuse-batteuse dont le système de récolte sera activé par notre transmission toroïdale à variation continue. Selon nos résultats en champ, notre transmission évite des pertes de puissance équivalant à 75 chevaux. Donc, pour un même moteur, la moissonneuse sera beaucoup plus puissante », affirme M. Girard.

Concernant les tracteurs de ferme, CVT Corp. estime que sa transmission toroïdale équipera tout d’abord les modèles d’une puissance de 50 à 140 chevaux. « Les transmissions à variation continue sont présentement peu disponibles sur les tracteurs de moyenne puissance, en raison d’un coût trop élevé pour leur calibre. Nous ciblons ce segment pour ensuite prendre de l’expansion vers de plus grandes cylindrées », dit-il.

En terminant, mentionnons qu’une ambiance à la fois secrète et fébrile régnait dans les bureaux de CVT Corp. lors de notre passage. De fait, un manufacturier de tracteurs bien connu aurait déjà confirmé qu’il utiliserait sa technologie pour équiper une gamme complète de tracteurs et de moissonneuses-batteuses pour l’année 2015.