Actualités 28 août 2014

Le monde agricole face aux défis de la main-d’œuvre

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Le monde agricole n’échappe pas à la pénurie de main-d’œuvre.

QUÉBEC —Et il est à prévoir que les prochaines années seront encore plus difficiles. Les problèmes de recrutement de travailleurs saisonniers deviendront plus aigus et vont obliger les producteurs, ainsi que les transformateurs alimentaires, à faire preuve d’une grande imagination.

« On a des choix à faire et des décisions à prendre », confie à la Terre la directrice générale d’Agricarrières, Hélène Varvaressos. Le travail saisonnier vient de faire l’objet d’un premier colloque portant sur la saisonnalité et ses défis.

Pendant deux jours, une centaine d’employeurs, de travailleurs et d’experts se sont penchés sur cet enjeu préoccupant. Un colloque qui se voulait « le point culminant » d’un chantier lancé il y a deux ans par sept comités sectoriels de main-d’œuvre (CSMO).

Mais quels sont les choix qu’il faudra prioriser pour rendre le travail saisonnier plus attrayant? « C’est simple : il nous faut une politique sur la saisonnalité », plaide la directrice générale du comité sectoriel de la main-d’œuvre de la production agricole.

Hélène Varvaressos croit que cette politique pourrait donner une nouvelle forme de reconnaissance aux travailleurs saisonniers. Mais aussi et surtout : une telle politique gouvernementale donnerait de l’oxygène aux employeurs qui souhaitent former ces travailleurs et les valoriser davantage.

« Nous voulons les garder, ces travailleurs, ajoute-t-elle. Mais nous avons besoin de l’aide du gouvernement, qui doit dire sans gêne que le travail saisonnier, c’est essentiel pour l’économie, pour nos producteurs. Il faut agir. »

Un message qu’a semblé bien décoder le nouveau ministre des Régions, Gaétan Lelièvre, qui a pris la parole lors de ce premier colloque. « Il s’agit d’une suggestion très pertinente. Je vous invite à officialiser votre demande, et on aura une bonne écoute. Dépêchez-vous à nous interpeller! » a-t-il dit en réponse à une question d’une participante.

Des statistiques révélatrices

Les statistiques sur l’emploi saisonnier sont fort révélatrices sur l’état de la situation. Les entreprises agricoles questionnées par le MAPAQ ont déclaré, dans une récente enquête, que 70 % de leur main d’œuvre, qu’elle soit familiale ou engagée, occupe des emplois saisonniers, avec une plus forte concentration dans le secteur maraîcher et les productions horticoles. Les travailleurs étrangers temporaires sont par ailleurs de plus en plus présents sur les fermes et dans les usines de transformation. En 2012, 8000 Mexicains et Guatémaltèques sont venus travailler au Québec sur une base temporaire.

Michel Morisset, professeur à l’Université Laval, s’attend même à ce que leur nombre augmente considérablement au cours des prochaines années. « On en aura bientôt plus de 10 000 et on va réaliser qu’on ne peut plus se passer de cette main-d’œuvre compétente et efficace », prédit-il. On estime que 125 000 personnes gagnent leur vie dans le secteur agricole au Québec.