Actualités 7 août 2012

Connaître la densité d’un pâturage (partie 1)

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À lire également : « Connaître la densité d’un pâturage (partie 2) »

« Cette année, les graminées avaient plusieurs journées d’avance sur leur normale de saison. Même les producteurs habitués se sont fait prendre à faucher trop tard, soulève François Labelle, expert en production laitière biologique chez Valacta. Si nous avions eu l’herbomètre, nous aurions pu leur dire : “Cette planche de 10 hectares que vous réserviez habituellement aux animaux, fauchez-la, ça pousse trop vite!” Ce genre de conseil leur aurait permis de récolter plus de foin, avec un taux de protéine supérieur. »

L’herbomètre en question est un appareil néo-zélandais qui, par de simples contacts au sol effectués ici et là dans le pâturage, indique instantanément la hauteur moyenne des plantes et la quantité de matière sèche à l’hectare. Le producteur utilise ces données et les compare avec le nombre de kilos de matière sèche que consomme son troupeau. De cette façon, il détermine avec précision la superficie qu’il peut :

• récolter mécaniquement sans hypothéquer les pâturages nécessaires à l’alimentation de ses animaux;

• donner chaque jour à ses bêtes pour optimiser le broutage.

Ce dernier point représente souvent une énigme pour les éleveurs qui aménagent une nouvelle parcelle de pâturage matin et soir, concept qui découle de la gestion intensive des pâturages. « Nous n’avons pas de problème à évaluer la maturité des plantes fourragères, mais leur densité, c’est une autre paire de manches, lance Jean-Claude Fleurant, un producteur de lait biologique du Centre-du-Québec. Or, quand vient le temps de configurer ma parcelle, je m’interroge fréquemment sur la distance parfaite que je devrais laisser entre mes clôtures amovibles. Si je ne donne pas assez de superficies, mes vaches ne combleront pas leurs besoins nutritionnels, et si j’en donne trop, certaines plantes ne seront pas mangées, avec les inconvénients que ça entraîne. Bref, cet herbomètre pourrait enfin répondre à mes questions car, présentement, c’est le niveau du réservoir à lait qui nous indique la quantité et la qualité du foin dans le pâturage! »

Un appareil à mettre au pas!

L’herbomètre est connu de nos lecteurs. Début 2011, notre collègue Martine Giguère écrivait dans L’Utili-Terre un article où un producteur de l’Ontario utilisait déjà ce dispositif. Le problème : l’appareil est calibré en fonction des conditions de la Nouvelle-Zélande, là où il a été conçu. Ces paramètres faussent le calcul de la matière sèche.

Pour adapter l’outil aux pâturages du Québec, le Centre d’expertise en production laitière Valacta et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ont uni leurs forces dans un projet d’une durée de trois ans. « Nous calibrerons l’appareil en fonction de nos pâturages mélangés (graminées et légumineuses). Pour obtenir un échantillon intéressant, nous testons l’herbomètre et prenons des relevés dans 15 fermes, réparties dans trois régions (Centre-du-Québec, Bas-Saint-Laurent et Saguenay–Lac-Saint-Jean) », précise l’agronome François Labelle.