Actualités 28 août 2014

Quand l’innovation repose sur la passion

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Si on avait dit à Mario Rondeau il y a 15 ans qu’il deviendrait un producteur d’asperges passionné par ce légume offert seulement 6 semaines par année, il aurait bien ri, lui qui n’en avait mangé qu’en conserve.

Pourtant, l’entreprise dont il est propriétaire depuis huit ans avec son cousin Stéphane Asselin roule à plein régime, et il ne cesse de réinvestir en recherche et développement.

La Ferme Primera est facile à trouver : elle se situe tout près de Lanoraie, sur le rang Saint-Albert, que ne dédaigneraient pas les cyclistes. En saison, le kiosque de vente de la ferme devient complémentaire à son réseau de distribution, établi notamment chez Loblaw et Provigo. « Cette année, malgré un peu de gel au sol et la pluie, la récolte est bonne et les asperges, charnues », explique ce fils de cultivateur de tabac qui a converti en 2005 l’entreprise paternelle en une plantation double – asperges et cerises de terre –, non sans avoir d’abord tâté du brocoli et du cantaloup.

Idéale en sol sablonneux

« L’asperge convient parfaitement à nos sols sablonneux, tout en représentant un défi stimulant et en offrant d’intéressantes possibilités de croissance parce qu’il y a peu de producteurs au Québec, constate Mario Rondeau. Surtout que nous avons pu développer notre expertise progressivement en travaillant de 2005 à 2010 avec un voisin, M. Harnois, qui désirait vendre ses 32 acres et sa marque de commerce Asperges Primera. »

À 42 ans, Mario Rondeau s’occupe avec enthousiasme de la ferme pendant que son cousin se consacre à l’autre secteur de leur entreprise, celui des portes d’acier. « Comme ça, on est heureux, chacun dans notre domaine préféré! » En saison, Mario Rondeau embauche une trentaine de travailleurs saisonniers qui récoltent de 8000 à 10 000 livres quotidiennement et il passe beaucoup de temps à étudier ses cultures pour les rendre plus performantes, avec l’aide d’un spécialiste européen qui visite chaque année ses champs et ceux de 4 autres producteurs.

Expertise de l’étranger

« J’ai participé à différents voyages de formation en Argentine, au Chili et en France avec lui pour voir comment on travaille là-bas, et j’ai énormément appris sur cette production qui nous réserve des surprises d’une année à l’autre. » Résultat : Asperges Primera s’est doté d’un système très performant de refroidisseur à l’eau, qui permet de prolonger la vie de ces fragiles légumes et d’assurer une qualité optimale. M. Rondeau a aussi modifié la méthode de culture de ses asperges Guelph Mill et Jersey Giant, faisant pousser lui-même ses plants en minimottes au lieu d’acheter des griffes et plantant deux rangs collés, qu’il protège par des mini-brise-vent, selon une méthode apprise en Argentine et au Chili. Il utilise des engrais verts et un système d’arrosage favorisant un meilleur écoulement de l’eau, qui lui permettrait d’utiliser 60 % moins d’herbicides. « Je ne ferai jamais de régie biologique, mais je me dirige vers une production plus naturelle, explique-t-il. Il faut oser remettre en question nos recettes et se questionner sur nos méthodes si on veut avancer! » Lui qui investit beaucoup de temps pour valoriser sa marque Primera en se faisant visible sur le Web et les réseaux sociaux n’hésite pas quand on lui demande où il se voit dans 10 ans : dans ses champs, avec une production en augmentation constante et plus performante grâce à ses recherches. « J’aime trop ce que je fais pour m’arrêter! » lance-t-il, dans un cri du cœur, avant d’aller rejoindre son contremaître et son équipe de cueilleurs.