Actualités 1 octobre 2014

Un passe-temps utile

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Pour Denys Van Winden, patenter permet de joindre l’utile à l’agréable. En plus de constituer un loisir pour le producteur, fabriquer des machines s’avère un incontournable dans la production maraîchère.
vantracteur« Dans la culture maraîchère, on n’a pas le choix de savoir patenter, précise d’entrée de jeu l’agriculteur. Il n’y a pas de machinerie adaptée à nos besoins. » L’homme de 58 ans ne lésine pas sur les moyens à prendre quand vient le temps de patenter. L’atelier où il s’affaire avec son fils Marc déborde d’outils.À l’entrée de la ferme Production horticole Van Winden, un vieux tracteur Farmall Super A 1950, le premier à avoir appartenu à l’entreprise familiale, trône sur un immense rocher. Ce véhicule représente une source de fierté pour le copropriétaire, Denys Van Winden, puisque c’est lui qui lui a redonné son lustre d’antan avant de l’exposer. En plus de rapiécer de vieilles mécaniques pour le plaisir, le patenteux fabrique plusieurs machines pour faciliter les opérations de sa ferme.

« Notre garage est suréquipé par rapport à ce qu’il nous rapporte, mais on aime ça, rigole-t-il, ajoutant que toutes les machines de la ferme sont modifiées. Quand on achète un planteur neuf, il passe au garage pour qu’on l’adapte à nos besoins. »

L’atelier de la ferme familiale n’a pas toujours été aussi outillé. Le père de Denys Van Winden, John, cofondateur de l’entreprise avec son frère Pierre, ne croyait pas aux vertus des patentes. « Mon père m’a déjà dit qu’on ne récolterait jamais la laitue mécaniquement, lance-t-il, sourire en coin, en pointant la machine qui a été conçue pour cette tâche. Il n’était pas patenteux du tout. » Malgré cela, la ferme a tout de même toujours pu compter sur des machines fabriquées à la main. « Les frères de ma mère, c’était des patenteux purs et durs, soutient Denys Van Winden. Eux autres, ils démanchaient des starters sur la table de cuisine. » Ce sont eux qui ont conçu les premières laveuses à céleris, arroseuses, wagons et autres qui ont servi dans les champs de la ferme familiale. « Mes gènes de patenteux, je les tiens de mes oncles », tranche Denys Van Winden.

Une région hollandaise
John Van Winden, le père de Denys, est arrivé au Québec de la Hollande en 1949. S’il a d’abord élu domicile à Sherbrooke, où il a travaillé comme jardinier à l’école d’agriculture, il souhaitait faire l’acquisition de terres marécageuses, comme on en retrouve dans son pays d’origine. Bruno Landry, un agronome de Napierville qui enseignait là-bas, lui a alors parlé des terres de sa région. John et son frère Pierre en ont ainsi acheté environ cinq hectares à Sherrington. « Mon père, qui avait rencontré ma mère à Sherbrooke, a écrit à tous ses amis pour leur dire qu’il y avait de belles terres et de belles filles au Québec, badine Denys Van Winden. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de Hollandais dans le coin. »

Peu coûteuses à l’époque, les terres montérégiennes n’étaient pas prêtes à être cultivées. La famille Van Winden a dû travailler d’arrache-pied pour défricher et drainer son terrain. Au volant d’un tracteur acheté avec deux voisins, ils ont commencé à faire pousser de la laitue, du céleri, des betteraves et du chou. Les fils de John et Pierre ont pris les rênes de l’entreprise avec leur conjointe dans les années 1970 et la ferme n’a cessé de prendre de l’expansion à partir de là.

Depuis 2005, les enfants de Denys, Marc et Sylvie sont copropriétaires de l’exploitation qui cultive près de 200 hectares en légumes. La relève en patenteux est prospère chez les Van Winden. « Mon fils m’a toujours suivi dans le champ et il dispose d’un très bon œil pour imaginer des patentes, s’enorgueillit Denys Van Winden. Ma fille ne patente pas, mais elle opère sur une machine. » Il croit qu’il sera primordial pour la pérennité de la ferme de continuer de patenter. « Le coût de la main-d’œuvre ne cesse d’augmenter, ça nous force à développer des machines », conclut-il.